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Le Premier ministre Édouard Philippe a présenté, mercredi, le projet de réforme des retraites aux Français. De multiples annonces qui mécontentent les syndicats, dont plusieurs appellent à "renforcer la mobilisation".

Au septième jour de la grève, et alors que les transports sont encore fortement perturbés, Édouard Philippe a présenté, mercredi 11 décembre, le projet de réforme des retraites de l'exécutif. Promesse de campagne d'Emmanuel Macron, ce projet vise à créer un système universel par points. Chaque salarié accumulera tout au long de sa carrière des points, dont il pourra suivre le niveau sur son compte retraite sur Internet en temps réel, à partir desquels le montant de sa pension sera calculé.

Ce système prendra en compte l'ensemble de la carrière et non plus les 25 meilleures années pour les salariés du privé et les six derniers mois pour les fonctionnaires, comme c'est le cas actuellement. Retour sur les principales annonces et confirmations du Premier ministre.

Quelles générations concernées / exclues par la nouvelle réforme ?

Prévue initialement pour s'appliquer à partir de la génération 1963, la future réforme ne s'appliquera finalement pas aux générations nées avant 1975.

"La génération 2004, qui a 15 ans aujourd'hui et qui aura 18 ans en 2022, sera la première à intégrer le nouveau système de retraites", a annoncé Édouard Philippe. "Pour les personnes déjà dans la vie active, nous avons choisi de ne rien changer à celles qui sont aujourd'hui à moins de 17 ans de leur retraite, c'est-à-dire pour les personnes nées avant 1975 et qui auront plus de 50 ans en 2025."

Promettant une "transition progressive", le Premier ministre a précisé que toute la partie de carrière effectuée jusqu'à 2025 donnerait lieu à une retraite calculée sur les anciennes règles – seules les années travaillées à partir de 2025 seront réglées par le nouveau "système universel".

Un âge de départ à la retraite maintenu à 62 ans, mais il faudra "travailler un peu plus longtemps"

"Nous maintiendrons l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans", a déclaré mercredi Édouard Philippe. Mais "pour garantir les pensions, financer un niveau élevé de solidarité", "sans augmenter les impôts", il faudra "travailler un peu plus longtemps", a-t-il ajouté.

"Sans forcer (les Français), nous allons devoir les inciter à travailler plus longtemps", a expliqué le Premier ministre. "Le gouvernement compte donc reprendre la proposition du haut-commissaire (Jean-Paul Delevoye) qui consiste à insérer au-dessus de l'âge légal un âge d'équilibre avec un système de bonus-malus."

Cet âge pivot, qui devra être atteint pour toucher une retraite à taux plein, devrait donc être instauré et fixé à 64 ans en 2027. Des dérogations sont toutefois prévues pour les personnes qui ont commencé à travailler tôt ou celles exerçant des métiers usants – ces deux catégories pourront continuer de partir deux ans avant les autres – et pour les personnes qui, en situation de handicap, ne peuvent plus travailler comme les autres.

Comment sera fixée la valeur du point ?

Face aux inquiétudes exprimées par les syndicats qui craignent que le point soit une "variable d'ajustement budgétaire", Édouard Philippe a promis que la loi donnerait des "garanties incontestables" sur la valeur du point.

"Nous nous engagerons donc à ce que la valeur du point ne soit pas fixée à la sauvette au gré des difficultés budgétaires, nous demanderons aux partenaires sociaux de fixer sa valeur et son évolution, sous le contrôle du Parlement", a précisé le Premier ministre.

La loi prévoira une règle d'or pour que la valeur des points acquis ne puisse pas baisser et une indexation progressive non plus sur les prix, comme c'est le cas aujourd'hui, mais sur les salaires.

Quel avenir pour les régimes spéciaux ?

"Le temps du système universel est venu, celui des régimes spéciaux s'achève", a déclaré Édouard Philippe. "Nous allons aller jusqu'au bout, nous mettrons fin aux régimes spéciaux, progressivement, sans brutalité, dans le respect des parcours individuels."

Comme annoncé précédemment, les professions exposées à des fonctions dangereuses dans le cadre de missions régaliennes – les forces de sécurité intérieures, les pompiers, les policiers, les gendarmes, les gardiens de prison ou encore les militaires – "conserveront le bénéfice de dérogation d'âge" qu'ils ont actuellement, a affirmé le Premier ministre.

Pension minimale à 1 000 €, mesures pour les enseignants et les femmes... Quelles garanties ?

Parmi les autres mesures annoncées par le Premier ministre figure la pension minimale de 1 000 euros nets par mois. Cette dernière sera garantie à condition d'avoir une carrière complète au Smic. Le minimum de pension sera garanti par la loi à 85 % du Smic dans la durée et évoluera comme lui.

Les enseignants, quant à eux, ne perdront pas "un euro de pension", s'est engagé Édouard Philippe. "Nous inscrirons dans la loi la garantie selon laquelle le niveau des retraites sera comparable au niveau des retraites des fonctions équivalentes dans la fonction publique." Et il a ajouté : "Nous engagerons des revalorisations nécessaires pour maintenir le niveau des pensions (des enseignants), nous le ferons progressivement et dès 2022."

Quid des femmes ? "(Elles) seront les grandes gagnantes du système universel", a promis Édouard Philippe. Le nouveau système accordera des points supplémentaires pour chaque enfant et ce dès le premier enfant – et non à partir du troisième comme aujourd'hui.

Cette majoration de 5 % par enfant sera accordée à la mère "sauf choix contraire des parents". Au-delà des 5 % par enfant, seront accordés 2 % supplémentaires aux parents de famille nombreuse – trois enfants et plus. En parallèle, le système de reversion sera généralisé et "amélioré" en garantissant au conjoint survivant "70 % des ressources du couple".

Mais les mères de famille, les veuves ou encore les femmes divorcées devraient être les grandes perdantes de cette réforme.

Avec Reuters