Les Britanniques se rendent jeudi aux urnes lors d'élections législatives cruciales pour le Brexit. Qui du Premier ministre Boris Johnson ou de son adversaire travailliste Jeremy Corbyn remportera le scrutin ? Trois scénarios possibles pour la suite du Brexit.
L'heure du scrutin a sonné pour les Britanniques. Le Premier ministre conservateur Boris Johnson espère décrocher, jeudi 12 décembre, une majorité nette qui lui permettra de gouverner seul. Mais son avance dans les sondages s'effrite avant un scrutin décrit comme incertain. Voici les scénarios possibles.
- Nette victoire pour Johnson : en route vers le Brexit
Les conservateurs remportent la majorité absolue – 326 sièges en théorie, un peu moins en pratique – pour Boris Johnson, qui a centré sa campagne sur la promesse d'enfin sortir le Royaume-Uni de l'Union européenne. Le Parlement lance avant Noël le processus de ratification de l'accord de Brexit qu'il a négocié avec Bruxelles pour un feu vert final en janvier, permettant une sortie le 31 janvier, après trois reports.
L'accord de retrait fixe les conditions du divorce entre le Royaume-Uni et l'Union européenne après 47 ans d'un mariage tumultueux, en matière de droit des citoyens et de respect des engagements financiers. Il introduit aussi une période de transition jusqu'à fin 2020, prolongeable, et règle le problème de la frontière entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande, membre de l'UE.
Mais la saga ne s'arrêtera pas là. Londres aura jusqu'au 31 décembre 2020 pour négocier sa relation future avec son voisin européen. Un délai qui semble d'ores et déjà impossible à tenir, ce type de négociations prenant généralement des années.
- Les Tories en tête, sans majorité absolue
Boris Johnson essaie de se maintenir à la tête d'un gouvernement minoritaire. Il aura besoin pour cela de trouver des alliés, ce qui s'annonce difficile.
Comme l'ont montré les derniers mois, gouverner avec des alliés peut conduire à des blocages et réduit les chances d'adopter l'accord de Brexit, faisant resurgir le scénario redouté d'un divorce sans accord. Après la sortie, cela compliquerait les négociations commerciales difficiles qui s'annoncent avec l'UE.
En 2017, Theresa May avait dû s'associer avec le petit parti unioniste nord-irlandais DUP, qui comptait dix députés ultraconservateurs à Westminster. Cette alliance avait éclaté du fait du refus du DUP de soutenir les accords de divorce négociés par Theresa May puis par Boris Johnson.
Le DUP s'oppose aux dispositions permettant d'éviter le retour d'une frontière entre la province britannique et la République d'Irlande, membre de l'UE, après 20 ans de paix mettant fin à des décennies de violences.
- Le Labour prend le pouvoir
Si une majorité absolue semble hors de portée pour les travaillistes de Jeremy Corbyn, le chef de l'opposition pourrait parvenir à ravir à Boris Johnson les clés du 10 Downing Street en s'alliant avec les indépendantistes écossais du SNP, opposés au Brexit.
Mais il serait confronté alors à la volonté du SNP d'organiser un référendum sur l'indépendance de l'Écosse, six ans après un vote remporté à 55 % par le "non".
La personnalité de Jeremy Corbyn, radicalement à gauche et accusé d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme au sein de son parti, rend très hypothétique une alliance avec les europhiles du Parti libéral-démocrate. S'il arrive au pouvoir, le Labour a promis de renégocier l'accord conclu par Boris Johnson puis de le soumettre dans les six mois de son arrivée au pouvoir à un nouveau référendum, avec comme autre option un maintien dans l'UE.
Dans cette campagne, Jeremy Corbyn a annoncé qu'il resterait "neutre", pour guérir les fractures d'un pays divisé par trois ans de crise politique. De nombreux membres de la direction du parti ont annoncé qu'ils se battraient pour le maintien dans l'Union européenne.
Avec AFP