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Un débat télévisé unique est organisé, vendredi soir, entre les cinq candidats en lice pour l'élection présidentielle algérienne, qui aura lieu le 12 décembre prochain. Un scrutin rejeté par le "Hirak", qui continue de réclamer le démantèlement du "système" politique au pouvoir.
C'est la première fois qu'un tel débat est organisé. Un échange unique entre les cinq candidats en lice pour l'élection présidentielle algérienne est organisé vendredi 6 décembre tel qu'annoncé par l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE). Dans une semaine, les Algériens sont appelés à voter pour choisir un successeur au président Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission en avril par un mouvement populaire de contestation du régime inédit.
Parodie d'élection ? "C'est en tout cas ce que pense une grande majorité d'Algériens", affirme Bruno Daroux, chroniqueur international, sur le plateau de France 24.
En Algérie, le mouvement de contestation, qui dure depuis neuf mois, s'est cristallisé autour de l'élection présidentielle. Dans les rues, les Algériens continuent de manifester pour dire "non" à ce scrutin, demandant une véritable démocratie et une élection transparente. Selon eux, l'élection du 12 décembre ne remplit pas les critères de pluralité et de transparence, les cinq candidats retenus par la commission électorale étant, tous les cinq, issus du "système Bouteflika".
Selon Pierre Vermeren, professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Paris I, "beaucoup d'Algériens ne veulent pas regarder" le débat télévisé car "ils considèrent que le gagnant risque d'être un candidat issu du régime ou du moins soutenu par lui". "Les candidats ne vont pas parler de l'armée, puisque c'est trop sensible, mais les sujets de discussion ne manquent pas : la question économique est centrale, la question politique, démocratique, des manifestations", énumère le spécialiste du Maghreb invité de France 24.
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"Le débat ne va rien changer"
Ali Benflis fut le premier Premier ministre du président Bouteflika en 1999. Il est ensuite devenu une figure de l'opposition, mais au cœur du système ; Abdelmajid Tebboune fut également Premier ministre sous l'ère Bouteflika, en 2017—; Azzedine Mihoubi fait office de favori parce qu'il préside le Rassemblement national démocratique (RND), un petit parti associé au FLN (qui lui a apporté son soutien, mais dont les manifestants demandent souvent la dissolution) ; Abdelkader Bengrina est quant à lui associé à la mouvance islamiste ; Abdelaziz Belaïd, enfin, a été engagé auprès d'associations de jeunes qui soutenaient Abdelaziz Bouteflika.
Selon Bruno Daroux, "ce casting ne garantit pas une élection pluraliste et libre pour le 'Hirak' qui réclame un vrai changement et reste sur une ligne dégagiste". Selon lui, "le débat ne va sans doute rien changer".
Pour Pierre Vermeren, "personne ne peut dire s'il y aura une démobilisation, mais les manifestations ne peuvent durer indéfiniment."
Vendredi, quelques heures avant le débat, les Algériens ont de nouveau prévu de manifester contre le pouvoir et contre la tenue de la présidentielle, lors de la dernière marche avant le scrutin du 12 décembre. Selon une journaliste de l'AFP, une foule exceptionnelle était dans les rues d'Alger, qui semblerait comparable à celle du 1er novembre, lorsque la marche a coïncidé avec le 65e anniversaire du début de la guerre d'indépendance, et à celles des plus grandes manifestations de mars, avril et mai.
Dès les premières heures du jour, un important dispositif policier s'est d'ailleurs déployé dans le centre-ville, comparable à celui renforcé du vendredi précédent : fourgons, bus remplis de policiers, camions à eau et véhicules antibarricades.
Avec AFP et Reuters