Après avoir annoncé qu'il tournait le dos au projet de bouclier antimissile en Europe centrale souhaité par George W. Bush, le président américain a plaidé en faveur d'un système de défense qui "réponde mieux" aux menaces actuelles.
Le président américain, Barack Obama, a annoncé jeudi que Washington abandonnait le projet de bouclier antimissile en Europe, tel que l’envisageait son prédécesseur George W. Bush, et privilégiait une "nouvelle approche" du projet de défense américain en Europe. Cette réorientation, a expliqué la Maison Blanche, est due à une réévaluation de la menace balistique iranienne. La menace iranienne de missiles de longue portée n'est "pas aussi immédiate qu'imaginée auparavant", a estimé Robert Gates, le secrétaire américain à la Défense.
"Pour dire les choses simplement, notre nouvelle architecture de défense antimissile en Europe assurera aux forces américaines et aux alliés de l'Amérique une protection plus forte, plus intelligente et plus rapide", a expliqué Barack Obama.
"Une marche arrière qui ne dit son nom"
"C’est une marche arrière qui ne veut pas donner son nom, estime Philippe Gassot, correspondant FRANCE 24 à Washington. On veut prouver au peuple américain qu’il s’agit d’une adaptation à de nouvelles circonstances, alors qu’on tend la main aux Iraniens et qu’on veut apaiser l’ours russe", analyse-t-il.
Quelques heures plus tôt, le Premier ministre tchèque, Jan Fischer, avait révélé aux médias que le président Obama lui avait annoncé l’abandon du projet de bouclier antimissile pour un système plus adapté à des missiles de courte et moyenne portée. Le plan de la précédente administration américaine prévoyait d'installer d'ici 2013 un puissant radar en République tchèque associé à dix intercepteurs de missiles balistiques de longue portée en Pologne.
"Le meilleur moyen d'améliorer notre sécurité et la sécurité de nos alliés de manière responsable, c'est de déployer un système de défense antimissile qui réponde mieux aux menaces auxquelles nous faisons face et qui utilise des technologies éprouvées que nous paierons le juste prix", a ajouté Barack Obama lors de son allocution, jeudi. Robert Gates a précisé que les Etats-Unis comptaient déployer dans un premier temps des navires munis du système antimissile Aegis équipés d'intercepteurs SM-3 pour assurer la sécurité des Etats-Unis et de leurs alliés européens. Suivrait, vers 2015, l’installation sur terre de missile SM-3 améliorés.
L’ancien projet de bouclier antimissile ardemment défendu par le président George W. Bush avait rencontré l’opposition de la Russie et provoqué de vives tensions entre Washington et Moscou. L'annonce d'une "nouvelle approche" américaine de la défense antimissile pour l'Europe a immédiatement suscité les spéculations d'un donnant-donnant entre Washington et Moscou, idée que la Maison Blanche a immédiatement rejetée. Le président russe Medvedev a simplement salué la décision des États-Unis d'abandonner le bouclier antimissile : "nous apprécions l'approche responsable du président américain vers la mise en oeuvre de nos accords."