Pendant le ramadan, les Indonésiens de Paris se retrouvent entre eux afin de célébrer le mois sacré comme au pays. Chaque samedi, le temps d'une soirée, ils transforment l'ambassade d'Indonésie en France en une seconde maison. Reportage.
En Indonésie comme dans tout autre pays musulman, le ramadan est un temps traditionnellement consacré à la méditation, mais aussi à la la vie de famille. À cette occasion, les quelque 2000 Indonésiens vivant en France, pour qui l’arrivée du mois sacré est aussi synonyme de mal du pays, ont pris l'habitude de se regrouper afin de retrouver un peu de l'atmosphère qui prévaut à cette occasion dans leur pays d'origine.
À Paris, les expatriés ont pris l'habitude de se rassembler tous les samedis dans leur ambassade, jusqu'à la fête de l’Aïd. "Nous souhaitons que l’ambassade soit comme une maison pour les Indonésiens", déclare Kusuma Habir, l'attachée culturelle.
Les réunions du samedi peuvent réunir jusqu’à 300 expatriés, ainsi que quelques non-Indonésiens. Ces soirées sont rythmées par divers évènements, gratuits et ouverts à tous.
La classe
La "pesantren kikat", qui signifie “ cours rapide”, est organisée pour les enfants et les adolescents mais, souvent, des adultes y assistent également. Pour Amalia, 16 ans, née à Paris, il s'agit de l’une des rares occasions d’en apprendre davantage sur l’Islam. "Au début, il s'agit sans doute plus d'une préoccupation de nos parents, mais les enfants aussi se montrent très intéressés par les cours de religion, bien qu'ils soient loin de leur pays", explique Andar, l'employé de l'ambassade qui joue le rôle d'enseignant. "'Alhamdulillah' [Dieu soit loué, ndlr], leur curiosité est même plus grande que celle des étudiants d’Indonésie”, ajoute-t-il.
La rupture du jeûne
Au coucher du soleil, tous les Indonésiens présents à l'ambassade se rassemblent pour rompre le jeûne. Cakes et puddings arrosés de lait de coco sucré garnissent les tables et tombent bientôt dans des bouches ravies. L e dîner est généralement préparé par des membres de la communauté et les épouses des employés de l’ambassade.
Cette fois-ci, des monticules de riz côtoient du poulet au curry. “Je ne manque jamais un dîner de ramadan ici. Je viens pour la cuisine, mais également pour l’ambiance", confie Bimo, qui étudie le violon et regrette qu’il n’y ait pas de meilleures écoles de musique plus près de chez lui. "Ces repas soulagent la faim, mais aussi du mal du pays", explique-t-il.
La prière
Gavés de sucreries et de curry, les petits enfants parviennent à tromper la surveillance de leurs parents et se mettent à courir dans toutes les sens, tandis que les adultes se rassemblent dans la cour de l’ambassade pour prier ensemble.
"Je prie mieux quand je suis avec l’imam et tous les autres, confie un jeune Indonésien, salarié d’une compagnie française d’énergie, qui effectue son 11e ramadan à Paris. En plus ici, on ne risque pas de manquer la prière, ce qui peut arriver quand on est tout seul", ajoute-t-il.
Andar rappelle, quant à lui, que le ramadan “est un mois de bénédiction, plein de bonheur”. Ses élèves n’ont aucune raison d’en douter. Alors que la soirée touche à sa fin, ces Indonésiens qui, après avoir parcouru des milliers de kilomètres, rêvent chaque jour des 18 000 îles de leur pays, se sont remplis le ventre et le cœur dans le plus beaux des endroits : chez eux.