Jusque-là gelées, les activités d'enrichissement d'uranium ont été relancées par l'Iran. C'est ce qu'a annoncé la République islamique, mardi, réduisant un peu plus ses engagements internationaux en matière nucléaire.
La République islamique franchira, mercredi 6 novembre, la quatrième étape de son désengagement progressif de l'accord de Vienne, en produisant de l'uranium enrichi à 5 % sur son site souterrain de Fordo, a annoncé mardi le chef de l'organisation iranienne de l'énergie atomique, Ali Akbar Salehi.
Dès mardi matin, dans un discours télévisé, le président Hassan Rohani avait annoncé que l'Iran allait enfreindre une nouvelle disposition de l'accord de 2015 sur son programme nucléaire, en injectant du gaz dans 1 044 centrifugeuses de Fordo, permettant ainsi de reprendre l'enrichissement.
Il n'avait pas précisé de quel type de gaz il s'agissait mais Kazem Gharibabadi, l'ambassadeur iranien auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a déclaré par la suite qu'il s'agissait d'hexafluoride d'uranium (UF6). Des inspecteurs de l'AIEA seront envoyés sur place pour superviser le processus, a-t-il ajouté.
Riposte au retrait américain
Par cette politique, Téhéran entend faire pression sur ses partenaires encore parties à l'accord (Union européenne, Chine, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) pour qu'ils l'aident à contourner les sanctions rétablies par Washington après sa sortie du pacte, et qui asphyxient son économie.
La porte-parole du département d'État américain, Morgan Ortagus, a dénoncé "une tentative claire de chantage nucléaire" de la part de Téhéran "qui va seulement aggraver son isolement politique et économique". Washington poursuivra sa "pression maximale" sur le régime pour négocier un nouvel accord, a-t-elle assuré.
Disant "comprendre les inquiétudes" de Téhéran face aux sanctions, le Kremlin a dit "observer avec préoccupation le développement de la situation". Paris, Londres et l'UE ont appelé Téhéran à revenir sur sa décision qui, selon le Quai d'Orsay, va "à l'encontre de l'accord" de Vienne.
Les activités d'enrichissement d'uranium "contreviennent clairement à l'accord et posent un risque pour notre sécurité nationale", a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab. À la tête de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a exhorté l'Iran "à ne pas prendre de nouvelles mesures qui mineraient davantage" ce pacte et rendraient encore "plus difficile" son sauvetage.
Hassan Rohani a précisé que toutes les activités nucléaires de l'Iran restaient sous le contrôle de l'AIEA. L'Iran est soumis au régime d'inspection le plus strict jamais mis en place par cet organe de l'ONU.
À Vienne, Téhéran avait accepté de réduire drastiquement ses activités nucléaires, afin de garantir leur caractère exclusivement civil, en échange de la levée d'une partie des sanctions internationales.
Le retour des sanctions américaines prive l'Iran des bénéfices qu'il escomptait de l'accord et a plongé l'économie iranienne dans une sévère récession.
Avec AFP et Reuters