À l'instar des banques française et espagnole BNP Paribas et Santander, la holding financière japonaise Nomura a indiqué qu'elle pourrait subir une perte 225 millions d'euros. Selon le Financial Times, HSBC serait aussi touchée.
AFP - La société financière japonaise Nomura Holdings a indiqué lundi qu'elle pourrait subir une perte de quelque 27,5 milliards de yens (225 millions d'euros) à cause de la fraude conduite par le gérant de fonds new-yorkais Bernard Madoff.
"Notre exposition aux pertes dans cette affaire est de l'ordre de 27,5 milliards de yens", a fait savoir Nomura dans un bref communiqué.
"L'impact est relativement limité sur nos finances", a-t-elle jugé compte tenu des sommes qu'elle gère.
La société d'investissement du célèbre courtier de Wall Street Bernard Madoff, qui a avoué une escroquerie "pyramidale" de 50 milliards de dollars, aurait réussi à attirer "l'aristocratie financière mondiale" dans les filets de son montage.
Parmi les clients de la Bernard L. Madoff Investment Securities LLC, se trouvent des grandes banques internationales, des plus discrètes "banques privées" et des confidentiels "family offices", sociétés chargées de gérer le patrimoine d'une seule riche famille.
Le groupe Nomura est pour sa part assez malmené par les tourments multiples qui touchent son secteur, alors que les groupes bancaires nippons ont été dans l'ensemble relativement moins affectés que leurs homologues occidentaux par les effets multilatéraux nocifs de la crise des prêts hypothécaires à risque américains ("subprime"). Nomura a enduré une perte nette de 145,9 milliards de yens (1,23 milliard d'euros) au premier semestre de son exercice budgétaire d'avril dernier à mars prochain.
La maison de courtage a aussi des difficultés à digérer l'absorption d'une partie des activités de feue la banque d'affaires américaine Lehman Brothers, en Europe, en Asie et au Moyen-Orient, après le dépôt de bilan de cette institution le 15 septembre. Le groupe japonais a déboursé 2 milliards de yens pour récupérer les affaires de Lehman dans ces régions dans l'espoir de consolider son implantation à l'étranger. Mais la réorganisation est coûteuse et le groupe est contraint de faire le tri. Il prévoit de supprimer un millier d'emplois à Londres sur un total de 4.500.
Pour supporter les charges et se donner des marges de manoeuvre, Nomura a en outre annoncé la semaine dernière l'émission d'un lot d'obligations nouvelles pour un montant de 300 milliards de yens (2,5 milliards d'euros), titres destinés à des investisseurs particuliers.
Nomura est pour l'heure le seul groupe financier japonais à avoir reconnu des pertes dans le scandale Madoff, après que les banques espagnole Santander et française BNP Paribas ont également fait état de préjudices, de 2,33 milliards d'euros pour la première et de 350 millions d'euros pour la seconde.
Selon des médias européens, d'autres institutions du Vieux Continent, dont la Royal Bank of Scotland et des banquiers suisses, pourraient aussi voir à avouer des dommages relatifs à cette énorme malversation.
La Banque d'Espagne et l'autorité boursière nationale italienne ont pour leur part décidé d'ouvrir séparément une enquête pour déterminer le degré d'implication des établissements financiers de leur pays.