Cette semaine, "Élément Terre" pénètre dans les plus grandes serres du monde, en Espagne, au cœur de l'agriculture intensive en Europe, où le bio grignote du terrain à vitesse grand V. Mais est-il vraiment meilleur pour l'environnement ?
En quelques années, l'Espagne est devenue le leader incontesté du bio en Europe, notamment grâce à la province d'Almeria. Cette région du sud du pays fait figure de potager du continent. On y fait pousser des tomates, poivrons, concombres et pastèques, à grands renforts d'eau, mais aussi de plastique polluant.
Droit de réponse de Jan van der Blom, responsable du département des techniques de production à l'Association de producteurs agricoles et exportateurs d'Almeria (Coexphal) :
La conclusion du reportage concernant l'agriculture biologique à Almeria stipule que celle-ci est loin d'être durable car beaucoup de plastique finit dans la nature. L'association d'entreprises agricoles Aproa s'oppose à cette image négative de l'industrie. France 24 a diffusé des images dramatiques d'un paysage rempli de déchets plastiques. Aproa considère que ces images sont trompeuses.
Luis Fernandez, manager d'Aproa : "Ces images ont été tournées dans la Rambla Morales le 27 septembre. Deux semaines plus tôt, le 12 septembre, plusieurs douzaines d'hectares de serres, ainsi qu'un camping, ont été détruits et emportés par des inondations hors normes dans ce lieu précis. Utiliser ces images pour illustrer le problème de décharge de déchets est une erreur, il s'agit d'une catastrophe naturelle."
Aproa a quantifié le volume de déchets plastiques. La majeure partie provient des toits des serres qui sont remplacés tous les quatres ans. Il s'agit d'une quantité importante de déchets homogènes qui peuvent être valorisés au recyclage. Les agriculteurs reçoivent 10 centimes d'euro pour chaque kilo de plastique utilisé. D'autres types de plastique sont plus difficiles à recycler. De manière générale, ces déchets sont traités avec les résidus ménagers et génèrent de l'énergie en étant incinérés. On estime qu'entre 70 et 80 % des déchets plastiques sont recyclés, cette matière première étant ensuite utilisée pour la production de nouveaux produits plastiques.
Le secteur agricole d'Almeria est conscient qu'il doit recycler davatange pour pouvoir survivre. Des progrès énormes ont été faits, mais nous pouvons faire mieux. Aproa collabore étroitement avec les pouvoirs publics pour empêcher l'apparition de décharges et imposer des sanctions. Une ligne téléphonique spéciale (+34 687 500 400) a été créé pour que les citoyens puissent signaler des décharges illégales.
Luis Fernandez : "Avec la concentration de serres que nous avons ici, il est parfaitement possible d'atteindre 100 % de recyclage. Cependant, tant qu'une partie dérisoire des déchets plastiques s'envole avec le vent et est emportée par la rivière, toute une industrie aura un grave problème d'image."