![Une polémique relance le débat sur le voile dans l'espace public Une polémique relance le débat sur le voile dans l'espace public](/data/posts/2022/07/24/1658694302_Une-polemique-relance-le-debat-sur-le-voile-dans-l-espace-public.jpg)
Le débat sur le voile islamique a été relancé en France après qu'un élu RN a pris à partie une mère voilée lors d'une séance d'un conseil régional. Certains politiques réclament son interdiction lors des sorties scolaires.
Quinze ans après l'adoption de la loi interdisant les signes religieux dans les écoles publiques françaises, le débat sur le port du voile dans l'espace public s'invite de nouveau dans l'actualité.
Une polémique a été déclenchée le week-end dernier par Julien Odoul, un élu du Rassemblement national. Lors d'une séance publique, vendredi 11 octobre, au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, il a demandé à une mère de famille, accompagnatrice lors d'une sortie de la classe de CM2 de son fils d'une école de Belfort, de retirer son voile.
???? [RT]Au nom de nos principes républicains et laïcs, j’ai demandé à @MarieGuiteDufay de faire enlever le voile islamique d’une accompagnatrice scolaire présente dans l’hémicycle. Après l’assassinat de nos 4 policiers, nous ne pouvons pas tolérer cette provocation communautariste pic.twitter.com/3WzqDEC3nn
Julien Odoul (@JulienOdoul) 11 octobre 2019L'échange a été filmé et diffusé sur les réseaux sociaux. "Je vais vous demander au nom de nos principes laïcs de bien vouloir demander à l'accompagnatrice qui vient de rentrer dans cette salle de bien vouloir retirer son voile islamique. Nous sommes dans un bâtiment public", a alors déclaré Julien Odoul, qui préside le groupe du RN au sein de ce conseil régional. Alors que d'autres élus présents se sont opposés à sa requête, il a quitté la salle avec les autres élus RN, avant de dénoncer dans un communiqué une "provocation islamiste".
Des condamnations de l'élu RN
Plusieurs membres du gouvernement ont condamné ce week-end l'attitude de l'élu RN, et rappelé que la femme interpellée était dans son droit, tout en exprimant des divergences sur le port du voile. Une circulaire de mars 2012 demandait aux accompagnateurs de sorties scolaires de ne pas porter de signes religieux ostentatoires. Mais une étude du Conseil d'État de décembre 2013 relève en effet que les accompagnants ne peuvent être considérés comme des agents auxiliaires du service public et ne sont donc pas soumis à la neutralité religieuse imposée aux enseignants.
La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a notamment jugé choquante l'attitude de Julien Odoul. "Qui est-il pour stigmatiser une femme qui accompagne les enfants en sortie scolaire ?", a-t-elle dénoncé sur France 3.
Le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a aussi critiqué la réaction du groupe RN au conseil régional : "C'est évidemment à condamner et c'est idiot d'en arriver à ce type de situation", a-t-il dit sur BFMTV. "La règle était claire, il n'y avait pas d'interdiction de porter le voile dans ce conseil des jeunes, donc il n'y avait pas lieu de faire ça", a-t-il ajouté. Mais le ministre a lui-même suscité la polémique en ajoutant que le "voile en soit n'était pas souhaitable dans notre société. Ce n'est pas quelque chose à encourager".
La réaction du ministre de l'Education nationale
Sorties scolaires: Blanquer préfère qu'une mère accompagnatrice ne porte pas le voile car "il n'est pas souhaitable dans notre société" pic.twitter.com/6hbOwc5tMB
BFMTV (@BFMTV) 13 octobre 2019Christian Jacob contre le port du voile lors des sorties scolaires
Fraîchement élu à la tête des Républicains, Christian Jacob a également pris part à ce débat en réclamant l'interdiction du port du voile lors des sorties scolaires. "Ça me choque qu'on accepte qu'une personne voilée puisse accompagner des enfants en déplacements scolaires parce que, comment expliquer que c'est interdit dans l'enceinte de l'établissement, mais que si on est au contact des enfants en dehors, et toujours dans le cadre scolaire, on l'autorise ?", a-t-il expliqué lundi sur France Inter, appelant à renouer avec la directive prise par Luc Chatel, ministre de l'Éducation sous Nicolas Sarkozy (2009-2012).
Interrogé pour savoir s'il demandait clairement au gouvernement d'interdire le port du voile lors des sorties, il a ensuite répondu par l'affirmative, jugeant qu'"à partir du moment où on l'interdit à l'école", cela vaut "pour tout le temps scolaire".
.@ChJacob77 : "Cela me choque qu'une personne voilée puisse accompagner des déplacements scolaires. Comment expliquer que c’est interdit dans l’établissement et qu’au contact des enfants on l’autorise dans le cadre d’une sortie ?" #le79Inter pic.twitter.com/97ytVVn9ZN
France Inter (@franceinter) 14 octobre 2019Deux Français sur trois favorables à l'interdiction du voile lors des sorties scolaires
Selon un Ifop-Fiducial diffusé lundi, deux Français sur trois (66 %) sont favorables à l'interdiction de signes religieux ostensibles, comme le port du voile, aux parents d'élèves qui accompagnent les sorties scolaires. Quelque 37 % des personnes interrogées se disent même "très favorables" à cette interdiction.
Cette enquête a toutefois été réalisée avant la polémique de ce week-end. Elle a été commandée après la diffusion en septembre d'une affiche de la FCPE défendant le droit pour les mères d'élèves musulmanes voilées à accompagner leurs enfants aux sorties scolaires. Cette campagne avait elle aussi suscité un vif débat.
Le législatif va désormais s'emparer du sujet. Le Sénat va examiner la semaine prochaine en commission une proposition de loi LR "tendant à assurer la neutralité religieuse des personnes concourant au service public de l'éducation". Présenté par la sénatrice du Val-d'Oise Jacqueline Eustache-Brinio, le texte sera examiné en séance publique le 29 octobre.
Lors de l'examen du projet de loi "pour une école de la confiance", le Sénat à majorité de droite avait déjà adopté un amendement LR visant à interdire les signes religieux ostentatoires lors des sorties scolaires. La disposition n'avait pas été retenue dans le texte finalement adopté par le Parlement.
Avec AFP