Au moins deux personnes ont été tuées, mercredi, à la suite d'une fusillade à Halle, dans l'est de l'Allemagne. Une tentative d’assaut a eu lieu contre une synagogue. Le suspect a été arrêté, a annoncé la police.
Des rues désertes, des transports en commun suspendus, une population sous le choc : la ville de Halle, dans l'est de l'Allemagne, s'est trouvée en état de siège après une tentative d'assaut, mercredi 9 octobre, contre une synagogue qui a fait au moins deux morts et deux blessés graves le jour de Yom Kippour. La personne interpellée dans la journée, à l'issue d'une course poursuite en voiture, est bien le suspect de cet assaut, a indiqué la police dans la soirée, en confirmant qu'il avait été blessé et "soigné".
La nature de ses blessures n’a pas été précisée, mais des images vidéo amateur diffusées sur Internet montrent comment l'auteur, un homme de 27 ans selon la chaîne de télévision publique allemande ARD, a été touché par des tirs de la police dans la rue.
Le ministre allemand de l'Intérieur, Hors Seehofer, a de son côté indiqué que l'attentat avait été commis par un homme seul, alors que la police avait dans un premier temps évoqué plusieurs auteurs et lancé des recherches dans toute la région. Elle a finalement levé l'alerte dans la soirée et indiqué à la population de Halle qu'elle pouvait à nouveau sortir dans la rue.
Une synagogue visée
Halle est manifestement passée tout près d'un carnage : entre 70 à 80 fidèles de confession juive se trouvaient dans l'édifice religieux pour célébrer cette fête religieuse. "Nous avons vu à travers la caméra de notre synagogue qu'un agresseur lourdement armé, avec un casque en acier et un fusil, a tenté de pousser nos portes", a témoigné Max Pivorozki, le président de la petite communauté juive de Halle, dans le quotidien Stuttgarter Zeitung. Les mesures de sécurité à l'entrée de l'édifice religieux "ont permis de résister à l'attaque", a-t-il précisé.
N'y parvenant pas, l'assaillant a ensuite abattu une passante et s'en est pris à un petit restaurant turc de kébabs. Il a d'abord lancé une grenade qui a explosé contre la porte avant de tirer à l'intérieur. Il a touché mortellement un homme à bout portant.
Une vidéo diffusée sur Internet
L'auteur présumé de l'attentat a lui-même filmé la fusillade et diffusé la vidéo sur une plateforme Internet, a indiqué Site, spécialisé dans la surveillance des organisations terroristes. Dans cette vidéo de 35 minutes, cet homme au crâne rasé, qui considère que les juifs sont à la source de tous les problèmes, se lance dans une diatribe antisémite, affirmant notamment que "l'Holocauste n'a jamais existé".
La plateforme de streaming en direct Twitch a confirmé que cette vidéo avait bien été diffusée sur son site en direct pendant 35 minutes vue alors par 5 personnes. Quelque 2 200 personnes ont ensuite vu la version conservée sur Twitch, avant qu'elle ne soit supprimée, a précisé la plateforme. Elle a ajouté que la vidéo a ensuite été partagée "de manière coordonnée" par le biais de messageries tierces.
"Nous avons fait au plus vite pour retirer ce contenu, et nous suspendrons tous les comptes qui posteront ou reposteront des images de cet acte abominable", a indiqué une porte-parole du groupe.
Un acte d'extrême droite
La chancelière allemande Angela Merkel a qualifié cette fusillade d'"attentat" et a exprimé sa "solidarité à tous les juifs pour ce jour de fête qu'est Yom Kippour". Après avoir exprimé son émotion, elle s’est rendue dans une importante synagogue de Berlin où se tenait un rassemblement après l'attentat.
Des photos montrant la chancelière Angela Merkel à la grande synagogue de Berlin publié son porte-parole
Ein Zeichen der Verbundenheit: Kanzlerin #Merkel am Abend an der Synagoge Oranienburger Straße in Berlin. Wir müssen uns geschlossen jeder Form von Antisemitismus entgegenstellen. #Wirstehenzusammen #Halle pic.twitter.com/wx70kOeIx7
Steffen Seibert (@RegSprecher) 9 octobre 2019La fusillade constitue une "attaque antisémite", a estimé le ministre de l'Intérieur allemand Horst Seehofer, ajoutant que la justice suspectait un acte "d'extrême droite".
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réagi après cette attaque. "L'attentat terroriste contre la communauté de Halle en Allemagne pendant Kippour, le jour le plus sacré pour notre peuple, est une nouvelle expression de l'antisémitisme qui grandit en Europe", a-t-il déclaré dans un tweet. "J'appelle le gouvernement allemand à poursuivre son action contre l'antisémitisme", a-t-il ajouté.
"L'attaque antisémite de Halle est un choc. Nous la condamnons fermement", a écrit Emmanuel Macron sur Twitter. "J'exprime mon entier soutien à la communauté juive en ce jour de Kippour, ma solidarité avec l'Allemagne, mes pensées aux familles des victimes et à leurs proches", a-t-il ajouté.
Cette attaque intervient quelques mois après le meurtre, en Hesse, de Walter Lübcke, un élu pro-migrants du parti conservateur de la chancelière Angela Merkel (CDU). Le principal suspect est un membre de la mouvance néonazie.
Cette affaire a créé une onde de choc dans le pays, où l'extrême droite anti-migrants enchaîne les succès électoraux. Elle a réveillé la crainte d'un terrorisme d'extrême droite à l'image de celui du groupuscule NSU, responsable de l'assassinat entre 2000 et 2007 d'une dizaine de migrants.
Il y a eu nombre de précédents violents : un attentat au couteau contre la maire de Cologne, Henriette Reker, en 2015, et deux ans plus tard contre le maire d'Altena, Andreas Hollstein. Tous deux en réchappent de justesse. Ils défendaient une politique d'accueil généreuse des migrants, comme Walter Lübcke.
Avec Reuters et AFP