Le 15 septembre 2008, la prestigieuse banque d'affaires Lehman Brothers déposait le bilan, provoquant la pire crise jamais connue depuis 1929. Un an après, quelles leçons tirent les dirigeants de cet ancien fleuron de la finance ?
C’était il y a tout juste un an. Le 15 septembre 2008, traders et banquiers viennent d’apprendre la mauvaise nouvelle. L’un des géants de Wall Street a fait faillite, précipitant la chute des Bourses mondiales et le quasi gel du système financier. C’est la crise. La pire jamais connue depuis 1929. Du jour au lendemain, des milliers de banquiers perdent leur emploi…
C’était il y a tout juste un an. Une éternité pour Alison McCullough, qui a vécu la chute de Lehman Brothers de l’intérieur. Elle s’y occupait de ressources humaines. Un an après, Wall Street lui paraît loin, très loin.
Alison McCullough est désormais propriétaire d’un magasin de vêtements pour enfants. La reconversion fut ultra-rapide. Elle l’avait préparée dès les premières rumeurs faisant état de la mauvaise santé de Lehman. Aujourd’hui, cette titulaire d’un prestigieux MBA ne regrette rien. "Si le magasin devait ne pas marcher, la dernière chose que je souhaiterais faire serait de retourner à Wall Street !"
Le mystérieux 31e étage
Tous les anciens employés de Lehman n’ont pas ce détachement. Larry McDonald a, lui, choisi une voie bien différente. Cet ancien trader vient de publier "A Colossal Failure of Common Sense... The Inside Story of the Collapse of Lehman Brothers", un ouvrage dans lequel il narre son expérience au sein de la banque. Un livre à charge. "Je veux dénoncer les personnes qui ont fait tant de mal, affirme-t-il. Tous les problèmes viennent de l’un des endroits les plus mystérieux de Wall Street, ce bureau du 31e étage de Lehman Brothers. Cela n’aurait jamais dû arriver."
Ce bureau du 31e étage était celui de Richard Fuld, le tout-puissant patron de Lehman, dont l’obstination et les prises de risques inconsidérés sont, aux yeux de Larry McDonald et de beaucoup d’autres, à l’origine de la chute de cet ancien fleuron de la finance.
Si aujourd’hui Richard Fuld consacre tout son temps à tenter de redorer son blason, la plupart des traders et des anciens dirigeants de la banque ont retrouvé un travail à Wall Street. Un rapide rétablissement qui inquiète bien des experts. "Nous savons, par exemple, que Goldman a accru ses prise de risques, et que c’est cela qui a permis d’augmenter ses gains. C’est un mauvais signe parce que les autres vont se sentir obligés de suivre", estime Richard Bookstaber, économiste et auteur de "A Demon of Our Own Design : Markets, Hedge Funds and the Perils of Financial Innovation". "Le prochain Lehman, dit-il, est déjà en préparation."