Visé par une enquête parlementaire pour "impeachment", et après la publication du contenu d'une conversation avec le président ukrainien, Donald Trump, qui dénonce "une chasse aux sorcières", a promis la "transparence" mercredi.
Peu après la publication par la Maison Blanche, mercredi 25 septembre, de la transcription d'un appel téléphonique entre Donald Trump et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, le président américain a donné une conférence de presse à New York où il a promis la "transparence" sur le lanceur d'alerte qui s'était le premier inquiété du contenu du coup de fil. Selon le mémo déclassifié de la conversation, le milliardaire américain a bien demandé à son interlocuteur d'enquêter sur l'ancien vice-président Joe Biden.
"Nous allions le faire de toute façon, mais j'ai informé tous les membres de la Chambre des représentants que je soutenais pleinement la transparence sur les informations concernant le soi-disant lanceur d'alerte", a déclaré un Donald Trump visiblement las et fatigué.
Document "profondément troublant"
Mercredi, les élus démocrates de la Chambre des représentants ont tenté d'organiser l'audition de ce membre des services de renseignement. Le Congrès doit par ailleurs entendre jeudi le directeur du renseignement national, Joseph Maguire, qui avait un premier temps refusé de leur transmettre le signalement du lanceur d'alerte.
Mercredi soir, un groupe restreint de parlementaires a finalement pu consulter ce document à huis clos. "Il est évident qu'il y a beaucoup de choses très troublantes là-dedans", a déclaré le sénateur républicain Ben Sasse en sortant. Mais, dans son camp, sa voix restait plutôt isolée. Chez les démocrates, plusieurs élus ont jugé ce document "profondément troublant".
La Chambre des représentants s'est un peu plus tard prononcée pour une résolution appelant Donald Trump à divulguer ce signalement. Le texte a recueilli 421 voix pour et 0 contre. Le Sénat avait adopté mardi à l'unanimité une résolution similaire. Dans la nuit de mercredi à jeudi, la presse américaine affirmait que le document avait été déclassifié et devait être publié sous peu.
"Un 'impeachment' pour ça ? C'est une blague"
Lors de sa conférence de presse, le président américain a tenté de contre-attaquer en indiquant qu'il insistait aussi pour qu'il y ait "transparence sur Joe Biden et son fils Hunter", concernant "les millions de dollars qui ont été rapidement et facilement sortis d'Ukraine et de Chine lorsqu'il était vice-président". Des accusations sans fondement : si Hunter Biden a bien été embauché en 2014 par une entreprise ukrainienne sous le coup d'une enquête à l'époque, il n'a lui-même jamais été inquiété par la justice de ce pays.
Donald Trump a aussi réclamé de la "transparence de la part des démocrates qui sont allés en Ukraine et ont essayé de contraindre le nouveau président [Volodymyr Zelensky, de] faire des choses", en utilisant des "menaces", selon lui.
Les démocrates ont lancé mardi une enquête sur la manière dont le président aurait profité de sa fonction pour tenter de nuire à son principal rival, bien placé pour l'affronter lors de la présidentielle de 2020 . "Un 'impeachment' pour ça ? C'est une blague", a lancé Donald Trump lors de la conférence de presse. "Les démocrates ont fait ça durant la semaine des Nations unies, c'était tout planifié...", a-t-il avancé.
"Chef mafieux"
Plus tôt mercredi, Donald Trump a assuré que l'échange téléphonique était parfaitement "anodin" et qu'il n'avait exercé "aucune pression" sur le président ukrainien. "Ce fut un bon échange téléphonique, normal", a abondé Volodymyr Zelensky lors de sa première rencontre avec Donald Trump, à New York. "Personne n'a fait pression sur moi", a-t-il encore assuré, tout en soulignant ne pas vouloir "être impliqué dans les élections aux États-Unis".
Malgré ces dénégations, les démocrates ont jugé que la transcription reflétait "sans ambiguïté un abus choquant et accablant de la fonction présidentielle pour un gain politique personnel". "C'est comme cela qu'un chef mafieux parle : 'Qu'avez-vous fait pour nous ? Nous en avons tellement fait pour vous, mais cela n'est pas très réciproque. J'ai un service à vous demander'", a estimé l'un de leurs leaders, le représentant Adam Schiff.
Compte tenu de la majorité démocrate à la Chambre, Donald Trump risque bien d'être mis en accusation [un "impeachment"], ce qui n'est arrivé qu'à deux de ses prédécesseurs. La chaine NBC News estimait mercredi soir que 218 membres sur les 435 que compte la Chambre (soit la majorité nécessaire) soutenaient cette option.
Mais le Sénat, où les républicains sont majoritaires, devra ensuite instruire le "procès" du président et rendre son verdict à une majorité des deux-tiers. Pour que le milliardaire new-yorkais soit destitué, les démocrates devraient convaincre 20 sénateurs républicains, ce qui paraît hautement improbable à ce stade.
Avec AFP