Donald Trump a farouchement nié, lundi, avoir fait pression sur Kiev pour tenter de nuire à son rival politique Joe Biden, balayant la menace d'une procédure de destitution malgré les appels de plus en plus pressants de l'opposition démocrate.
"Je n'ai mis aucune pression sur" l'Ukraine, a affirmé Donald Trump, lundi 23 septembre, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, à New York. Les appels à la destitution du président américain ont redoublé ces derniers jours : depuis la révélation d’un signalement d’un lanceur d’alerte dans les services de renseignement américains, le républicain est soupçonné d’avoir poussé Kiev à enquêter sur le fils de son rival politique Joe Biden.
Alors même que la pression monte sur les chefs démocrates du Congrès américain pour qu'ils lancent cette procédure explosive, le président républicain a affirmé ne pas prendre "du tout au sérieux" la perspective d’une destitution.
Il a du même coup tenté de retourner les projecteurs sur Joe Biden, ancien vice-président de Barack Obama et favori de la primaire démocrate. "Joe Biden et son fils sont corrompus", a accusé sur un ton outré Donald Trump, en reprenant des rumeurs non étayées concernant une affaire présumée de corruption en Ukraine, et des pressions sur un procureur. "Si un républicain disait ce que Joe Biden a dit, il aurait droit à la chaise électrique immédiatement", a-t-il poursuivi.
"Publiez la retranscription"
La veille, il avait confirmé avoir parlé cet été à son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, de cette affaire présumée en mentionnant explicitement Joe Biden et son fils, Hunter, qui a travaillé pour un groupe gazier ukrainien à partir de 2014.
L'opposition soupçonne Donald Trump d'avoir, lors de cette conversation, profité de sa position pour pousser Volodymyr Zelensky à enquêter sur Joe Biden, en utilisant notamment une aide militaire comme levier de pression. Le président républicain dément. Affirmant que sa conversation avec Volodymyr Zelensky avait été "très honnête", il a dit "espérer" que sa retranscription puisse être publiée. "Alors, publiez la retranscription de l'appel", l'a défié Joe Biden.
Les démocrates ne se satisferont de toutes façons pas d'une retranscription : ils réclament que la Maison Blanche livre au Congrès le signalement présenté en août par le mystérieux lanceur d’alerte.
Audition très attendue jeudi
Trois puissantes commissions parlementaires, menées par des démocrates, ont en plus menacé, lundi, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, de forcer ses services à leur livrer d'autres documents concernant l'Ukraine. Ils concernent "les tentatives du président et de son avocat personnel, Rudy Giuliani, de demander l'aide d'un pouvoir étranger afin d'intervenir dans l'élection présidentielle de 2020", accusent les démocrates.
Réticente jusqu'ici à emprunter la voie impopulaire de la destitution, la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, a menacé Donald Trump d'une escalade vers une "toute nouvelle étape de l'enquête" parlementaire s'il empêchait le lanceur d'alerte de témoigner.
Une date butoir se profile : l'audition publique prévue jeudi du directeur par intérim du renseignement national (DNI) Joseph Maguire. Nancy Pelosi veut qu'il livre à cette occasion les détails du signalement.
L'aile progressiste du Parti démocrate, partisane depuis des mois d'une procédure de destitution, apparaît elle chauffée à blanc, dénonçant désormais explicitement ses propres chefs. Chez les candidats démocrates à la Maison Blanche, l'étoile montante Elizabeth Warren a de nouveau appelé ce week-end à lancer une procédure de destitution.
Avec AFP