Brillant face à l'Argentine, samedi, le troisième ligne Charles Ollivon a pu savourer son retour chez les Bleus après une longue période de blessures qui ont menacé sa carrière de rugbyman.
Un petit couac avant une partition presque parfaite : tel peut être le résumé du match du troisième ligne français Charles Ollivon, qui a été, samedi 21 septembre, face à l'Argentine, un des meilleurs joueurs sur le terrain. Et le seul bémol concerne en fait son interprétation de La Marseillaise avant la rencontre, un malheureux "campagne" au lieu de "compagne " pris sur le vif, alors que la caméra le filmait en train de chanter avec passion l'hymne national.
Il faut dire que Charles Ollivon, âgé de 26 ans, ressentait probablement à ce moment-là une émotion encore plus intense que certains de ses coéquipiers. Ce match contre les Pumas marquait la fin d'un long combat après plusieurs blessures qui l'ont privé de rugby pendant de longs mois. Au point que certains médecins doutaient de la capacité de ce joueur très athlétique (1,99 m pour environ 112 kilos) de poursuivre cette discipline. Une intervention médicale, réalisée il y a un an, lui a finalement permis de retrouver ses moyens physiques et de reprendre l'entrainement avec son club du RC Toulon, le 1er décembre 2018.
"Cela a été un chemin spécial, je ne m'en suis pas plaint car il y a beaucoup plus grave. Mais cela a été très compliqué, il a fallu donner beaucoup pour en arriver là", confiait-il à l'AFP avant le début du Mondial. "Quelque part au fond de moi, je croyais à ce destin, pouvoir faire la Coupe du monde. Je pense que si je n'avais pas eu ça en moi, ça n'aurait pas été possible, j'aurais lâché. C'était tellement compliqué que si je n'avais pas eu cette conviction, je n'aurais pas pu faire la Coupe du monde."
L'étape suivante a été la reprise de la compétition le 23 mars 2019, lors d'un match contre Lyon en Top 14. À seulement six mois du début de la compétition au Japon, Charles Ollivon rejouait enfin au rugby et revenait dans le viseur de l'encadrement des Bleus. Retenu parmi les joueurs réservistes choisis pour préparer cette compétition, il a démontré toutes ses qualités, notamment lors des deux matches amicaux disputés en août par les Bleus contre les Écossais. Et il a finalement réussi à intégrer la liste des 31 joueurs en partance pour le Japon.
"Le Basque dans toute sa splendeur"
À la fois puissant et rapide, il représente également un atout de taille pour les Français en touche. Il ne lui a fallu que 2 minutes pour se mettre en évidence contre l'Argentine, le temps d'intercepter un ballon dans les lignes adverses. Il a disputé l'intégralité du match en livrant une prestation d'une grande intensité, qui lui a valu d'être l'avant français le plus en vue de cette rencontre. Ses cris de joie après le coup de sifflet finale et la courte victoire des Bleus (23-21) témoignent de l'envie de ce joueur bien déterminé à rattraper le temps perdu.
Charles Ollivon n'a en effet disputé à Tokyo que sa 9e sélection, un chiffre très faible étant donné que sa carrière chez les Bleus a débuté voilà presque cinq ans. Ses problèmes récurrents à l'épaule gauche ont freiné sa progression, le troisième ligne ayant notamment été victime en 2017 d'une fracture de l'omoplate, une blessure assez rare chez les rugbymen. Il avait déjà été touché à cette épaule en 2013, lorsqu'il portait le maillot de l'Aviron bayonnais.
Ce natif de Saint-Pée-sur-Nivelle est un ardent défenseur de la culture basque, adepte de la pelote et amoureux de sa région. Plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux le montrent en train de chanter en basque ou de soutenir des joueurs originaires de cette région engagés dans différentes compétitions. " C'est un leader de jeu, mais aussi un leader de groupe. C'est le Basque dans toute sa splendeur. Il est fier. Ça fait partie de ses caractéristiques", confiait récemment au quotidien L'Équipe Jacques Delmas, qui l'a entraîné à Toulon.
Ollivon a enfin l'occasion d'exploser au niveau international et de s'inscrire dans la lignée des grands troisième ligne aile que les Bleus ont connus, à l'instar d'Olivier Magne, alias "Charly", ou d'Imanol Harinordoquy, surnommé "Le Basque bondissant". Il est certain qu'il fera sa part du boulot pour que le XV de France brille au Japon. Et quelle que soit la date du retour pour les Bleus, Ollivon a déjà coché un repas dans son agenda : il a promis d'inviter au restaurant le chirurgien qui l'a opéré voilà un peu plus de douze mois.