Des affrontements ont éclaté dans la nuit de samedi à dimanche à Suez, entre la police et des manifestants qui ont bravé pour la deuxième journée consécutive l'interdiction de protester contre le pouvoir.
Pour la deuxième journée consécutive, des manifestants ont bravé le pouvoir égyptien. Des protestataires exigeant le départ du président Abdel Fattah al-Sissi se sont rassemblés dans la nuit du samedi 21 au dimanche 22 octobre à Suez et se sont opposés à la police.
"Il y avait environ 200 personnes" dans le centre de Suez, a raconté un manifestant de 26 ans, sous le couvert de l'anonymat. Selon lui, les forces de sécurité "ont tiré des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des balles réelles. Il y a des blessés".
Une autre habitante de Suez interrogée a fait état d'un nuage de gaz lacrymogène si vaste qu'il atteignait son immeuble, situé à quelques kilomètres des incidents. Une source des forces de sécurité a confirmé la présence de plusieurs dizaines de manifestants, mais n'a fourni aucun détail sur la réaction des autorités.
Au Caire, les forces de l'ordre ont été déployées samedi aux abords de la place Tahrir, lieu emblématique de la révolution de 2011. La veille, plusieurs dizaines de manifestants y avaient scandé "Sissi, va-t-en", avant d'être dispersés par la police.
D'autres protestataires étaient descendus vendredi soir dans les rues de plusieurs villes du pays, dont Suez et Alexandrie. Au moins 74 personnes ont été arrêtées dans la nuit de vendredi à samedi, selon une source au sein des services de sécurité.
De nouveaux appels à manifester
Des appels à manifester ont été lancés ces derniers jours sur les réseaux sociaux, émanant notamment d'un homme d'affaires en exil, Mohamed Aly, qui a appelé samedi à une "marche du million" de personnes pour le vendredi 27 septembre.
Exilé en Espagne, cet entrepreneur dans le secteur du bâtiment a publié plusieurs vidéos virales depuis début septembre appelant au renversement de Sissi et des militaires, qu'il accuse de corruption. Le président avait nié en bloc ces allégations : "Ce sont des mensonges et ils ont pour but de briser la volonté des Égyptiens et de leur faire perdre toute espoir et toute confiance en eux-mêmes."
Le chef de l'État avait aussi mis en garde, le 14 septembre, devant un congrès de jeunes, ceux qui voudraient manifester pour exprimer publiquement leur opposition au pouvoir.
Abdel Fattah al-Sissi se targue régulièrement de diriger un pays sûr et stable, à la différence d'autres pays de la région, comme la Libye voisine. Cependant, des jihadistes sont actifs dans certaines régions du pays, comme dans la péninsule du Sinaï.
L'Égypte vit sous état d'urgence et les mouvements de contestation y sont interdits en vertu d'une loi adoptée en 2013, après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi par l'armée, à la tête de laquelle se trouvait alors le général Sissi.
Le régime mène une répression sans merci contre l'opposition, emprisonnant des milliers d'islamistes, de militants ou encore de blogueurs.
Avec AFP