Un film politique très polémique, "Green days" de Hana Makhmalbaf, qui revient sur les évènements de juin en Iran après la réélection controversée du président Mahmoud Ahmadinejad, était présenté à la 66e Mostra de Venise.
L’affiche de la Mostra de Venise, qui se déroule du 2 au 12 septembre, est très politique cette année : un film sur l'invasion israélienne en 1982 au Liban, un autre sur la crise économique, ou encore sur le magnat des médias italiens et chef de gouvernement Silvio Berlusconi. L’œuvre politique la plus polémique du festival était en compétition mardi. "Green Days" propose une lecture de la réélection en juin du président iranien Ahmadinejad. Elle est signée Hana Makhmalbaf.
Ce film auto-financé raconte l’histoire d’Ava, une jeune femme légèrement dépressive habitant Téhéran, et qui se retrouve actrice de la tourmente qui a précédé la présidentielle du 12 juin dernier. Le cinéaste s’empare de ces récents événements pour porter à l’écran un pays traumatisé, où soufflent le vent des réformes et les bourrasques de la répression et de la corruption.
Dans l’intimité d’un Iran en ébullition
Le film devient tout à fait fascinant lorsque la fiction se mêle à la réalité, en l’occurrence lorsque la jeune actrice déambule au milieu des rallyes politiques précédant le vote. Drapeaux verts, musique techno, klaxons de voitures... La campagne électorale de Moussavi révèle une jeunesse festive, idéaliste, décidée à changer l’Iran.
“J’ai voulu être le messager du peuple iranien, explique Hana Makhmalbaf, héritier d’une longue tradition familiale du cinéma. Mais aussi pour rappeler à mes compatriotes tout l’espoir qui les animait avant le 12 juin."
“Green Days” fait revivre la campagne électorale, ses slogans scandés à chaque rassemblement - "Moussavi est notre héros", "Tout sauf Ahmadinejad", "Tout le monde vote pour Moussavi !"… - et les conversations des militants autour des questions d’inflation, de censure, d’oppression des femmes et d’hostilité vis-à-vis de l’Occident.
Ces scènes d’euphorie pré-électorales contrastent avec les moments de répression sanglante qui ont suivi le scrutin. Makhmalbaf a utilisé les images de téléphones portables et de petites caméras.
"Je garde espoir"
La cinéaste ne pense pas que le mouvement de soutien à Moussavi ait été complètement découragé par le pouvoir en place : "Chaque jour, de nouvelles personnes rejoignent l’opposition. Si ce mouvement se poursuit, nous verrons Ahmadinejad et Khamenei, armes à la main, affronter seuls le peuple iranien".
A la fin du film, un message écrit affirme que Moussavi a remporté la majorité des voix lors du scrutin du 12 juin, mais qu’un coup d’Etat soutenu par les Russes a permis à Ahmadinejad de garder la main. Selon la cinéaste, cette thèse est de plus en plus accréditée en Iran.
Les Iraniens pourront voir “Green Days” via une chaîne de télévision diffusée par satellite. Hana Makhmalbaf conclut : "Dans l’Histoire, on sait quel sort a été réservé à Hitler et aux autres dictatures. Et l’Histoire nous apprend que les mouvements démocrates ont toujours fini par obtenir ce qu’ils voulaient. Donc je garde espoir."