
Le pape François a dénoncé samedi "la déforestation excessive" de Madagascar, qu'il visite. Dimanche, près d'un million de personnes sont attendues à une messe que le souverain pontife célèbrera dans l’un des pays les plus pauvres du monde.
Le pape François continue sa tournée des pays de l'océan Indien à Madagascar, où il s'est adressé, samedi 7 septembre, aux autorités d'un des pays les plus pauvres de la planète, avant de rencontrer une population impatiente de l'écouter. Près d'un million de personnes sont attendues à une messe dimanche.
Devant les autorités politiques, civiles et religieuses malgaches, le pape François a poussé un cri d'alarme face à "la déforestation excessive" du pays, en suggérant aux autorités de créer des emplois respectueux de l'environnement pour sortir la population d'une précarité parfois "inhumaine".
Il faut "affronter les situations de grande précarité et d'exclusion qui produisent toujours des conditions de pauvreté inhumaine", a prôné François.
Devant les autorités malgaches, @Pontifex_fr a dénoncé toute forme de #corruption et d'#exclusion, plaidant pour le respect de la singularité des populations et le soin de la #biodiversité du pays. ⬇️ #PapeMadagascar???????? https://t.co/rl0uyLr7Zj
Vatican News (@vaticannews_fr) September 7, 2019Arrivé la veille au soir du Mozambique, autre nation de grande misère économique, "le pape des pauvres" ira rejoindre au moins 12 000 jeunes scouts catholiques malgaches, samedi soir, pour une veillée de prière dans un champ aménagé pour l'occasion.
Tafika Fanomezana, 39 ans, coordinateur des volontaires aux foulards bleus qui aideront à assurer la sécurité du pape, espère "un grand changement de société après le passage du pape, surtout une réduction du chômage des jeunes". Plus de la moitié des jeunes ne trouvent aucun emploi, même lorsqu'ils sont bardés de diplômes.
À Madagascar, cinquième plus grande île du monde avec ses 587 000 km2 et 25 millions d'habitants, neuf personnes sur dix vivent avec moins de deux dollars par jour. L'instabilité du pays n'a pas favorisé son développement économique, essentiellement basé sur l'agriculture, avec notamment l'exportation de la vanille et du cacao.
Plutôt libéral, le président Andry Rajoelina, qui s'entretiendra en tête à tête avec le pape samedi matin, vient de revenir au pouvoir l'an dernier lors d'élections en promettant emplois et logements à la population. Après un précédent mandat entre 2009 et 2014, occupé sans scrutin.
Dimanche, 800 000 pèlerins attendus
L'un des temps forts de la visite du pape argentin sera une grande messe dimanche 8 septembre où sont attendues 800 000 personnes, déjà en train d'affluer vers la capitale, Antananarivo, parée de panneaux géants à l'effigie du pape.
Des fidèles de tout le pays, hébergés sous des tentes dans les cours des paroisses de la capitale, convergeront dimanche matin à pied vers un immense champ de 60 hectares aménagé dans d'anciennes vignes, baptisé "Soamandrakizay" (un bien pour l'éternité).
Prospère Ralitason, un agriculteur de 70 ans, a fait le déplacement avec 5 000 pèlerins d'Ambatondrazaka (centre est, à 200 km de la capitale). "On est fatigués, mais ça vaut la peine de faire tous ces sacrifices pour voir le pape de nos propres yeux et recevoir sa bénédiction", a-t-il confié à l'AFP.
Sous sa tente, le grand-père attend avec impatience l'ultime étape dimanche de deux heures de marche à pied pour aller écouter l'homélie du pape. "On a dépensé 65 000 ariary (16 euros) et apporté trois kilos de riz pour faire le voyage à Antananarivo", raconte un autre fidèle du groupe, Jean-Claude Rabemanatrika, 40 ans, également agriculteur. "Nous sommes cinq à la maison, on n'a pas assez d'argent alors on a dû choisir: juste un membre de la famille pour le voyage."
"On a mis à la disposition de nos 5 000 invités, des toilettes, des douches, une infirmerie et une place pour cuisinier", précise fièrement Marino Andriamasy, 35 ans, l'un des responsables du site d'hébergement provisoire.
Aucune visite papale depuis 1989
L'initiative sur trois jours est particulièrement précieuse "pour tous ceux qui n'ont pas de famille à Antananarivo", explique le curé de l'église, père Alain Michel Ratovoson.
La dernière visite d'un pape, Jean-Paul II, remonte à trente ans.
"J'étais lieutenant lorsque j'assurais la sécurité de Jean-Paul II en 1989, aujourd'hui je suis général de division et c'est moi qui supervise la sécurisation de la visite du pape François à Madagascar", affirme Samuel Rakotomalala.
Il a prévu dimanche un dispositif de 700 policiers et gendarmes pour sécuriser le site muni de 200 caméras de surveillance, qui seront aidés par les 12 000 jeunes scouts catholiques participant à la veillée de samedi.
Avec cet impressionnant dispositif de sécurité, les autorités veulent éviter un nouveau drame. En juin, au moins 16 personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées devant un stade de la capitale malgache, dans une bousculade survenues lors d'un concert gratuit. L'année précédente, un mouvement de foule lors d'un match de football pour la qualification à la coupe d'Afrique des nations (CAN), a fait un mort et 41 blessés.
Avec AFP