Alors que s'ouvre mardi un "Grenelle des violences conjugales", France 24 a rencontré deux familles qui ont accepté de raconter l'histoire de leur fille, ou de leur sœur, toutes deux victimes de féminicide.
Aux 101 féminicides enregistrés depuis le 1er janvier 2019 en France, la secrétaire d'État chargée de l'Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, répond par l'ouverture d'un "Grenelle des violences conjugales".
Par cet événement, qui débute mardi 3 septembre et durera trois mois, le gouvernement veut agir et faire reculer les violences physiques ou sexuelles dont sont victimes quelque 220 000 femmes chaque année dans un cadre conjugal, selon les données officielles.
"Ça y est, il m'a tuée"
En 2018, le ministère de l'Intérieur a recensé 121 féminicides, soit un assassinat tous les trois jours, selon l'association "Féminicides par compagnons ou ex". En neuf mois, ce sont déjà 101 femmes qui sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint en 2019. Des femmes de tous âges et tous milieux, avec ou sans enfant.
Parmi elles, Julie Drouib. À 34 ans, la jeune femme fut la 30e victime de féminicide cette année, tuée par balles le 3 mars dernier par son ex-compagnon à l'Île Rousse (Corse). France 24 a rencontré ses parents qui ont accepté de témoigner.
Mère de deux enfants de 8 et 10 ans, Julie Drouib a été assassinée chez elle après avoir déposé "six ou sept plaintes à la gendarmerie, pour menaces de mort et harcèlement" explique son père, Lucien.
Le jour de son assassinat, après avoir subi plusieurs mois de violences physiques et psychologiques de la part de son ex-conjoint, la jeune femme aurait reçu une, voire deux balles, tirées alors qu'elle venait d'ouvrir la porte de son appartement, selon sa mère, Violetta.
"La voisine m'a dit 'quand elle m'a vue, elle a levé la tête. Elle a pu bouger et m'a dit 'ça y est, il m'a tuée'."
Julie, assassinée par son ex compagnon. Elle avait 34 ans et deux enfants.
"Il ne l'a pas laissée partir"
Deux ans plus tôt, le 24 septembre 2017, Ghylaine, elle aussi âgée de 34 ans, succombait à ses blessures après avoir été frappée et immolée par son ex-compagnon. Cette fois, ce sont ses grandes sœurs, Sandrine et Nadège, ainsi que sa maman, Josette, qui ont accepté de livrer leur témoignage au micro de France 24.
" Ma sœur et son compagnon se sont disputés. Et s’en sont suivi des coups très, très violents et ensuite monsieur a pris de l’essence, l’a versée sur ma sœur et a mis le feu devant leur petite fille de 7 ans", raconte Sandrine qui a recueilli la petite Chloé, après le drame.
Comme dans bien des cas, Ghylaine a été tuée alors qu'elle annonçait à son compagnon sa décision de rompre, après dix ans de persécutions systématiques. "Elle a décidé de partir le 22 septembre, explique Sandrine. Et il ne l'a pas laissée partir."
Ghylaine, frappée et immolée par son ex compagnon. Elle avait 34 ans.
Dimanche, un rassemblement a eu lieu à Paris, place du Trocadero, pour rendre hommage à la centaine de femmes assassinées depuis le début de l'année en France. "Il nous faut des moyens [...] nous voulons un milliard, pas un million", répétaient les militantes, demandant au gouvernement une augmentation du budget alloué à la lutte contre les violences conjugales.