L'extrême droite allemande est en passe de réaliser dimanche une percée dans le Brandebourg et la Saxe, lors d'élections régionales. La victoire de l'AfD pourrait entraîner de nouvelles turbulences au sein de la coalition d'Angela Merkel.
Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes, dimanche 1er septembre, dans l’est de l’Allemagne, où quelque 5,5 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour élire leurs nouveaux parlements régionaux.
Ces élections pourraient constituer un nouveau revers pour les sociaux-démocrates du SPD et favoriser l'éclatement de la coalition qu'ils forment à Berlin avec les conservateurs de la chancelière Angela Merkel.
Colère contre la politique migratoire
Le parti Alternative pour l'Allemagne (AfD, extrême droite) devrait cumuler les gains au détriment de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) d'Angela Merkel et du SPD, attendu, lui, comme le principal perdant des deux scrutins. Les sondages à la sortie des urnes devraient être connus dès 16 h GMT et la fermeture des bureaux de vote.
AfD, qui a fait en 2017 son entrée au Parlement national, exploite la colère des électeurs contre la politique migratoire et la fermeture prochaine de mines de charbon dans le Brandebourg et en Saxe.
Il se présente comme l'héritier du mouvement qui a entraîné la chute du Mur de Berlin il y a trois décennies.
L'AfD est donnée dans un ultime sondage à 21 %, un point derrière le SPD dans les intentions de vote dans le Brandebourg, que les sociaux-démocrates gouvernent sans interruption depuis la réunification de l'Allemagne.
Une victoire de l'extrême droite dans cet État frontalier de la Pologne aurait certainement pour effet d'accentuer les appels au sein du SPD demandant une rupture avec la coalition fédérale.
En Saxe voisine, l'AfD est devancée par les conservateurs d'Angela Merkel (CDU), dont ce Land est un fief, mais culmine à 24,5 % dans les sondages.
Dans les deux il s'agira d'une spectaculaire progression par rapport aux précédents scrutins, si ces scores se confirment : de 8,8 points dans le Brandebourg et de près de 15 points en Saxe.
Cela ne suffira toutefois sans doute pas à l'AfD pour accéder au pouvoir dans ces régions. Les partis établis, en particulier la CDU, ont d'ores et déjà prévenu qu'ils ne formeraient pas de coalition avec l'AfD. Le jeu politique va s'en retrouver pour autant très compliqué.
"Séisme dans l’est" ?
"Séisme dans l'est, séisme à Berlin ?", interroge le journal Merkur. Une défaite retentissante du SPD "apporterait de l'eau au moulin" des détracteurs de la coalition, écrit la publication basée à Munich.
Le SPD, dirigé par un trio intérimaire depuis sa déroute aux élections européennes de mai dernier, devrait élire son nouveau président en décembre prochain. Le parti a promis de faire alors le bilan de la coalition formée avec les conservateurs CDU-CSU.
Une chute de la "Groβe Koalition" (GroKo) pourrait provoquer des élections fédérales anticipées, une hypothèse peu réjouissante pour le SPD qui a chuté à un plus bas historique, autour de 15%, dans les enquêtes d'opinion au niveau national, loin derrière les conservateurs de Merkel et les Verts.
"La coalition n'est pas une fin en soi pour nous", a déclaré dans un entretien au magazine Focus le chef de file des conservateurs au Parlement national, Ralph Brinkhaus, en forme d'avertissement au SPD. "Nous n'allons sûrement pas nous plier en quatre seulement pour atteindre" les élections nationales prévues en 2021, a-t-il ajouté.
Avec AFP et Reuters