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En Arizona, la biodiversité menacée par le mur de Trump

L'administration américaine a lancé vendredi la construction de barrières frontalières avec le Mexique dans le parc d'Organ Pipe, en Arizona. Les écologistes tirent la sonnette d'alarme car elles représentent un danger pour l'écosystème local.

C'est un petit joyau de biodiversité collé à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Le monument national d'Organ Pipe, célèbre pour ses cactus aux formes très reconnaissables, est devenu vendredi 23 août le chantier de nouvelles sections du mur frontalier que Donald Trump a promis d'étendre à l'ensemble de la ligne de séparation entre les deux pays. Les militants écologistes dénoncent un chantier et un projet néfastes pour l'environnement.

Le service des parcs nationaux a annoncé la fermeture de l'un des chemins d'Organ Pipe, à l'est de Lukeville et de son poste-frontière, pour des "raisons de sécurité liées la construction d'infrastructures frontalières".

.@OrganPipeNPS has officially closed the southeastern section of the park "in response to public safety concerns associated with border infrastructure construction activities." pic.twitter.com/ogMPhLVqFz

  Laiken Jordahl (@LaikenJordahl) August 23, 2019

Les équipes d'ouvriers se sont mises au travail pour remplacer les anciennes barrières par des nouveaux modèles de 9 mètres de haut. Ces nouvelles sections ont la particularité d'être les premières bâties grâce à l'argent du Pentagone. En février dernier, Donald Trump avait proclamé l'état d'urgence pour contourner le blocage du Congrès, à majorité démocrate, qui refusait d'attribuer un financement à son projet. Au terme d'une longue bataille judiciaire, la Cour suprême – désormais à majorité conservatrice – avait finalement autorisé les travaux à débuter en validant le bien-fondé des arguments du gouvernement.

BREAKING: First panels of Trump #BorderWall installed at Organ Pipe Cactus National Monument today.

Heartbreaking to watch this senseless 30-ft monstrosity rip through the most spectacular Sonoran desert ecosystem anywhere on the planet. pic.twitter.com/D09lbUGUh8

  Laiken Jordahl (@LaikenJordahl) August 23, 2019

Les écologistes en colère

Plusieurs organisations environnementales se sont alliées pour intenter un procès dans l'espoir de faire annuler ou de retarder les constructions. Elles estiment que les travaux lancés par l'administration Trump contreviennent à plusieurs normes environnementales que le gouvernement a illégalement suspendues. Elles rappellent que dans le désert de Sonora, la construction d'un mur pourrait conduire à l'extinction du mouflon canadien et de certaines espèces de loup, qui ne pourraient plus migrer au sud de la frontière pour s'accoupler avec leurs congénères mexicains.

Les sondages du terrain et le début des travaux dans le parc d'Organ Pipe a particulièrement mis en colère Laiken Jordhal, ancien ranger du parc Organ Pipe, désormais chargé des questions de frontières au sien du think-thank Center for Biological Diversity. "Il est stupéfiant et triste de voir que le mur frontalier de Trump va être construit à travers le magnifique écosystème du Sonora", déplore-t-il.

Il concentre son temps et son énergie à combattre la construction du mur qui mettrait en danger la biodiversité tout au long de la frontière, de la vallée du Rio Grande jusqu'à la Californie.

Laiken Jordahl est particulièrement préoccupé par le sort de la source de Quitobaquito, située à quelques hectomètres de la frontière. Cet oasis est le seul habitat au monde d'une espèce de poisson, le Sonoyta pupfish, ainsi que de la tortue Kinosternon sonoriense. Le forage des eaux souterraines pour créer le béton nécessaire à la construction du mur pourrait provoquer leur disparition.

Trump waived the #EndangeredSpeciesAct to build his racist wall, & now they're sucking 28 million gallons of water out of a desert aquifer for concrete. Directly imperiling the endangered Sonoyta mud turtle, protected under the Act. The wall may accelerate the #ExtinctionCrisis. https://t.co/aovowziV4i pic.twitter.com/5dbulcAwfy

  Patrick Donnelly (@BitterWaterBlue) August 26, 2019

"Le service des parcs nationaux a toujours averti que le forage des nappes phréatiques était la pire des menaces qui pesaient sur Quitobaquito. Le mur de Trump pourrait être un clou dans son cercueil", avertit Laiken Jordahl.

Des murs sous différentes formes, hérités des administrations Clinton et Bush fils, existent déjà sur près d'un tiers de la frontière (1 046 km sur 3 141). Donald Trump et son administration ont déjà attribué pour 2,8 milliards de dollars de contrats pour des murs frontaliers afin de remplacer les murs existants par des murs plus hauts. Seul 27 km sont pour le moment réellement inédits.

Cependant, parmi les futurs projets de l'administration, d'autres zones sensibles pourraient disparaître, notamment Cabeza Prieta National Wildlife Refuge et  San Pedro Riparian National Conservation Area, à quelques kilomètres à peine d'Organ Pipe.