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Exclusif : au Cachemire, le difficile quotidien d'une population "sous blackout"

L'Inde a annoncé une levée "progressive" des restrictions imposées au Cachemire, où le téléphone et Internet avaient été coupés pour éviter un éventuel soulèvement. Mais, pour le moment, les habitants n'observent aucune amélioration.

Ni téléphone ni Internet. À Srinagar, la capitale du Cachemire indien, les habitants restent coupés du monde. Il y a une semaine, les autorités indiennes ont imposé un couvre-feu et un "blackout", afin d'éviter un soulèvement populaire, après la décision du Premier ministre Narendra Modi de révoquer l'autonomie de la région.

La ville de 1,5 million d'habitants a passé la semaine sans téléphone ni Internet. Chacun est resté confiné chez soi, à moins de bénéficier d'un laissez-passer. Pour joindre des proches, il faut faire la queue car les autorités n'ont mis à disposition que deux téléphones.

"Nous sommes confrontés à beaucoup de problèmes. Mes enfants sont à Delhi. Je ne peux rien faire et je suis inquiet. Je ne leur ai pas parlé depuis cinq jours. Que va-t-on devenir ?", se morfond un habitant.

"Nous sommes emprisonnés, comme dans une cage"

La colère et la frustration s'intensifient dans la vallée. Si les Cachemiris ont déjà été soumis à de nombreux couvre-feux et contrôles de sécurité, ils affirment cette fois-ci n'avoir jamais rien vu de tel.

Une famille a accepté de parler à France 24, mais sous couvert d'anonymat par peur des représailles du gouvernement.  "Nous sommes emprisonnés comme dans une cage, nous sommes totalement coupés du reste du monde. Nous ne savons pas ce qui se passe à l’extérieur et quelle sera la solution à notre problème à l’avenir. Mais le plus important ce sont nos enfants. Ils souffrent et  toutes les écoles sont fermées", raconte une femme.

Comme beaucoup de Cachemiris, cette femme a peur de manquer de vivres pour nourrir sa famille. Les magasins restent fermés et, à cause des barrages, les déplacements sont très compliqués, même chez un voisin : "Il n’y a rien dehors. Hier, on a juste pu avoir deux boîtes d'œufs et les légumes sont tous pourris. On les a achetés comme ça mais on ne peut pas manger des choses comme ça".

Le gouvernement affirme que la situation est sous contrôle mais, depuis la révocation de l'article 370, les manifestations se multiplient. Plusieurs responsables politiques du Cachemire craignent des représailles dans une région où depuis trente ans l'insurrection séparatiste a déjà fait des dizaines de milliers de morts.