Les autorités ont mis en garde, vendredi, contre les risques de débordements, alors qu'un rassemblement "pour Steve et contre les violences policières" est prévu, samedi, à Nantes.
À la veille d'un rassemblement à Nantes "pour Steve et contre les violences policières", qui n'a pas reçu le soutien de la famille du défunt, les autorités ont mis en garde, vendredi 2 juillet, contre les risques de débordements. Devant la presse, le préfet de Loire-Atlantique a affirmé posséder des "informations concordantes sur la volonté d'un certain nombre de groupes d'activistes d'en découdre avec les forces de police".
L'accès au centre-ville de Nantes sera interdit aux "fauteurs de troubles" samedi de 10 h à 20 h, a annoncé la préfecture, alors que deux projets de rassemblements à 11 h et à 13 h ont été lancés sur les réseaux sociaux. Au-delà de l'aspect sécuritaire, le préfet Claude d'Harcourt refuse que "des individus volent à la collectivité le moment d'émotion qui est souhaité par tous les amis de Steve".
Alexis Corbière, député La France insoumise, s'est dit "gêné" par cette décision, estimant sur BFM que "beaucoup de gens ont envie de se rassembler pour faire entendre une volonté de justice". Mais selon le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, "il n'y a pas d'interdiction des manifestations (...), évidemment demain il y a la possibilité d'organiser un rassemblement (...) mais cela est encadré pour éviter des débordements et des violences".
Le ministre de l'Intérieur est également revenu sur l'utilisation de gaz lacrymogènes par les forces de l'ordre, admettant qu'il y avait un "questionnement" sur leur usage. Lors de la nuit du 21 au 22 juin, à 4 h du matin, une vingtaine de policiers s'étaient rendus sur le quai Wilson à Nantes pour faire respecter l'heure limite de diffusion de la musique. Des échauffourées avaient éclaté, des participants au sound-system ont raconté avoir été aveuglés par du gaz lacrymogène et certains avaient chuté dans la Loire.
Un rassemblement sans la famille
L'avocate de la famille de Steve Maia Caniço, Me Cécile de Oliveira, a indiqué que la famille "ne soutenait pas du tout" le rassemblement samedi, comme plusieurs proches. Freeform, structure nationale qui accompagne l'organisation de rassemblements festifs, a lancé un appel au calme. "Nous tenons à rappeler que la famille et les amis de Steve ne s'y associent pas mais surtout que, de notre point de vue, tout débordement desservira la cause de la justice".
L'émoi reste vif, quatre jours après la découverte du corps du jeune homme sur les bords de la Loire. La polémique sur l'intervention des forces de l'ordre ou sur le rapport de l'IGPN, la police des polices, accusée par certains de dédouaner les forces de l'ordre, se poursuit.
Dans un communiqué, la Ligue des droits de l'Homme dit "constater que l'IGPN est saisie de centaines de plaintes depuis de nombreux mois sans qu'il y ait de suite, ce qui démontre que cette institution rattachée au ministère de l'Intérieur n'est plus crédible".
Ainsi, un participant à la soirée du 21 juin a affirmé avoir été écarté de l'enquête de l'IGPN. Selon lui, il n'aurait reçu aucun mail de la part de l'IGPN alors qu'il souhaitait apporter son témoignage, une version démentie par la police des polices.
En dehors de Nantes, les appels à manifester en mémoire de Steve se sont multipliés ces derniers jours dans tout le pays pour ce week-end : Toulouse, Caen, Le Havre, Montpellier, Paris samedi ou encore Tours et Rouen dimanche.
Avec AFP