
Le conseil militaire au pouvoir au Soudan a affirmé jeudi avoir déjoué une "tentative de coup d'État" et avoir procédé à des arrestations. L'annonce intervient alors que les termes d'un accord sur la transition doivent être finalisés.
Une "tentative de coup d'État" a été déjouée au Soudan, a affirmé jeudi 11 juillet un représentant du Conseil militaire au pouvoir, le général Jamal Omar, sans toutefois préciser quand cette tentative avait eu lieu.
"Des officiers et des soldat de l'armée ainsi que des membres des Services nationaux de renseignements, dont certains retraités, ont tenté de mener un coup", a-t-il déclaré dans la soirée dans une allocution retransmise en direct à la télévision nationale.
"L'armée a réussi à déjoué la tentative", s'est félicité le général Omar, ajoutant que 12 officiers et quatre soldats avaient été arrêtés. Une enquête est en cours pour déterminer qui était derrière le coup, a-t-il précisé.
Prudence
Pour le correspondant de RFI en Afrique de l'Est, Sébastien Németh, l'annonce de cette tentative de putsch est à prendre avec "beaucoup de prudence" : "Les putschistes au pouvoir ont déjà fait des annonces similaires notamment il y a un mois. Ils parlaient à l'époque de jusqu’à 70 soldats interpellés sans jamais donner de preuve."

Si l'information était toutefois confirmée, continue le journaliste Sébastien Németh, "ce serait une demi-surprise" : "On sait que depuis le début de cette crise, l'armée soudanaise est divisée. Certains soldats, notamment subalternes, sont plutôt favorables à la révolution civile. Et une partie de l’armée, notamment l’armée régulière, ne voit pas forcément d'un bon oeil la montée en puissance des Forces de soutien rapide (FSR). Cette milice paramilitaire de plusieurs milliers d’hommes est composée d'anciens janjawids, des miliciens coupables de beaucoup de crimes au Darfour. Ce sont ces FSR qui sont les plus visibles à Khartoum et qui commettent le plus d’exactions depuis la chute d’Omar el-Béchir. Ce sont eux qui sont accusés d'avoir démantelé le cœur de la révolution dans la capitale le 3 juin et d'avoir massacré plus d'une centaine de civils ce jour-là. Une brutalité qui ne plait pas forcément au reste des forces soudanaises."
"Une tentative de bloquer l'accord"
Cette annonce est survenue alors qu'une rencontre entre des représentants du Conseil militaire et des meneurs de la contestation se tenait à Khartoum, pour finaliser les termes d'un accord sur la transition. "Il s'agit d'une tentative de bloquer l'accord conclu entre le Conseil militaire de transition et l'Alliance pour la liberté et le changement, qui vise à ouvrir la voie vers la réalisation des demandes du peuple soudanais", a estimé le général Omar.
Vendredi, les deux parties ont annoncé qu'un accord avait été trouvé sur une instance chargée de gérer la transition pendant une période d'environ trois ans. Cet accord prévoyait que les militaires président l'instance de transition pendant les 21 premiers mois, et que les civils prennent la relève pendant les 18 mois restants. Samedi, le Conseil militaire s'est engagé à "appliquer" et "préserver" cet accord. Le texte final devait être signé dans les prochains jours.
Avec AFP