
Après la Libye, la Syrie, l'Algérie, le Turkménistan, l'Iran et Venise, Hugo Chavez poursuit sa tournée entre Europe et Moyen-Orient. Attendu au Bélarus et à Moscou, le président du Venezuela entend promouvoir son "cartel du gaz"
Toujours aussi peu avare de provocations, le président du Venezuela, Hugo Chavez, a qualifié la tournée internationale qui l'a déjà conduit en Libye, en Syrie, en Algérie, en Iran et au Turkmenistan, et qui doit encore le mener au Bélarus et en Russie, de périple "de l’axe du mal".
Après s’être offert, lundi, une petite escale à Venise où le cinéaste américain Oliver Stone présentait, dans le cadre de la 66e Mostra, un documentaire sur la "révolution pacifique" vénézuélienne, l’homme fort de Caracas est attendu, ce mardi, au Bélarus, où le régime cherche à se libérer d’une trop grande dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou.
Bien qu’il ait décidé de bouder les grandes capitales occidentales, Hugo Chavez compte bien frapper un grand coup. Selon Philippe Moreau Defarges, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri), le chef de l’État vénézuélien espère faire obstacle aux États-Unis en consolidant ses alliances avec le Turkmenistan, l’Iran et la Russie, trois pays riches en ressources naturelles.
“L’Opep [Organisation des pays exportateurs de pétrole, ndlr] est en si mauvaise posture qu’un cartel regroupant des pays producteurs de gaz, qui est considéré comme une énergie propre, constitue un bon moyen de régénérer le front anti-occidental", analyse Philippe Moreau Defarges sur le plateau de FRANCE 24.
Une nouvelle Opep
Aussi, Hugo Chavez a-t-il invité, lundi, son homologue turkmène, Gurbanguly Berdymukhamedov, à rejoindre l’organisation des pays exportateurs de gaz que le numéro un vénézuélien entend mettre en place.
Hugo Chavez a également conclu un accord de près de 800 millions de dollars avec l’Iran, dont les besoins en essence ne cessent d’augmenter. En échange, la compagnie publique vénézuélienne Petroleos devrait consacrer cette somme au développement du gisement iranien de Pars-Sud, dans le Golfe persique, précise Caracas.
Visiteur régulier de la République islamique, Hugo Chavez s’est entretenu à Téhéran avec le president iranien, Mahmoud Ahmadinejad. Un entretien au cours duquel il a annoncé le retour sur le devant de la scène des pays "révolutionnaires" engagés sur le front "anti-impérialiste".
A star is born ?
S’éloignant quelque peu de la sphère politique, Hugo Chavez fut chaleureusement applaudi, lundi, à l’issue de la projection de "South of the Border", le documentaire, un brin hagiographique, que le réalisateur Oliver Stone a consacré à la révolution vénézuélienne et à son leader.
“Un vent nouveau souffle sur l’Amérique latine. Et c’est un phénomène historique dont on minimise l’importance", affirme ainsi le cinéaste américain, pour qui la pauvreté a diminué de moitié au Venezuela depuis 2 000.
Après avoir passé 20 minutes à distribuer bises et autographes sur le tapis rouge du Palais du cinéma, le président vénézuélien a affirmé que le film était un bon reflet "d’une Amérique latine en pleine renaissance".
Le fait que le chantre de la révolution bolivarienne se soit montré aux côtés des stars du cinéma n’est pas forcément dénué de sens politique, observe encore Philippe Moreau Defarges. En difficulté dans son pays, "Chavez doit cultiver son image de ‘showman’", poursuit celui-ci.
Au Venezuela, des journalistes et des défenseurs des droits de l’Homme accusent le chef de l’État vénézuélien de vouloir faire taire à tout prix les voix qui se sont élevées contre le régime au lendemain des élections de 2008. Ce mardi, la Commission nationale des Télécommunications (Conatel) a annoncé une nouvelle vague de fermeture de radios - 29 précisément - pour "absence de licence en règle". La nouvelle a suscité de vives critiques de la part de défenseurs de la liberté de la presse.