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Le stock d'uranium enrichi de l'Iran a dépassé la limite autorisée par l'accord de Vienne

L'Iran a annoncé avoir dépassé le volume maximal de ses stocks d'uranium faiblement enrichi fixé par l'accord nucléaire de 2015. En réaction, Washington a promis de continuer à exercer une "pression maximale" sur Téhéran.

L'Iran a dépassé, lundi 1er juillet, la limite imposée à ses réserves d'uranium enrichi par l'accord international de 2015 sur son programme nucléaire. "Sur la base des informations en ma possession, l'Iran a dépassé la limite des 300 kilos" d'uranium faiblement enrichi, a annoncé Mohammad Javad Zarif, le ministre des Affaires étrangères iraniens.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), chargée de vérifier l'application de l'accord, a confirmé cette annonce. "L'Agence a vérifié au 1er juillet que le stock total d'uranium enrichi a dépassé les 300 kilos", a indiqué un porte-parole du gendarme du nucléaire dans une déclaration écrite.

L'Iran avait annoncé mi-juin qu'il dépasserait ce plafond d'uranium enrichi à 3,67 % prévu par l'accord de Vienne. Le gouvernement a expliqué que cette limite n'avait plus lieu d'être du fait du retrait unilatéral américain du texte en mai 2018 : "Nous considérons que c'est notre droit (d'agir ainsi) dans le cadre (de ce que permet) le JCPOA" (l'acronyme anglais du plan d'action global commun, nom officiel de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015, NDLR), a dit le ministre.

L'étape symbolique des 3,67 % bientôt franchie

"Notre prochain objectif est d’enrichir notre uranium au-delà des 3,67 %" a expliqué Javad Zarif. "Les Européens n’ont pas réussi à honorer leur promesse de protéger les intérêts iraniens, prévues par l’accord." La limite des 3,67 % d'uranium enrichi avait été fixée car elle correspond au seuil de la production d’énergie nucléaire civil. Au-delà, l’Iran s’engage dans une voie qui pourrait conduire à l’obtention d’uranium utilisable pour une ogive nucléaire.

Le porte-parole du ministre des Affaires étrangères, Abbas Mousavi, a tout de même précisé qu'il s'agissait d'une mesure "réversible". L’Iran a toujours affirmé ne pas chercher à développer une bombe atomique.

"L'Iran devrait continuer à dialoguer avec les autres pays signataires, et surtout les Européens. Il leur demande de faire plus pour atténuer les sanctions américaines", analyse Vianey Lorin, correspondant pour France 24 en Autriche.

Le stock d'uranium enrichi de l'Iran a dépassé la limite autorisée par l'accord de Vienne

Cette annonce intervient dans un contexte de fortes tensions entre l'Iran et les États-Unis, quelques semaines après qu'un drone américain a été abattu par l'Iran, et après l'attaque de plusieurs pétroliers au large des Émirats.

"Nous ne permettrons jamais à l'Iran de développer des armes nucléaires"

L’annonce iranienne a suscité de nombreuses réactions internationales. Le président américain, Donald Trump, a estimé que Téhéran jouait "avec le feu", quand la Maison Blanche a maintenu une ligne dure affirmant la volonté des États-Unis de poursuivre la campagne de "pression maximale" sur Téhéran : "Nous ne permettrons jamais à l'Iran de développer des armes nucléaires." De son côté, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a appelé les pays européens à imposer des sanctions contre l'Iran.

La Grande-Bretagne a jugé "extrêmement préoccupante" l'annonce iranienne assurant vouloir poursuivre, avec ses partenaires, les efforts pour maintenir l’accord nucléaire en place.

De son côté le gouvernement russe a affirmé "regretter" le franchissement de la limite imposée aux réserves d’uranium iranien, dénonçant, au passage, une "conséquence naturelle" de la "pression sans précédent" exercé par les États-Unis sur Téhéran.

Avec AFP