
Le gouvernement vénézuélien a affirmé mercredi avoir déjoué une tentative de "coup d'État" militaire visant à assassiner le président Nicolas Maduro. Mise en cause, l'opposition a, par la voix de son chef de file, Juan Guaido, nié toute implication.
Au Venezuela, un "coup d’État" militaire prévoyant l'assassinat du président socialiste Nicolas Maduro a été déjoué, a assuré mercredi 26 juin le ministre de la Communication, Jorge Rodriguez. Impliquant des militaires actifs et en retraite, ainsi qu'un ancien chef du renseignement, il devait avoir lieu entre dimanche et lundi, selon le gouvernement.
"Nous serons implacables au moyen d'une contre-offensive révolutionnaire face à une tentative de coup d'État fasciste, implacables !", a réagi Nicolas Maduro dans un discours radio-télévisé mercredi soir. Selon lui, le coup d'État présumé prévoyait une attaque contre le siège des services de renseignements vénézuéliens afin de libérer le général Raul Baduel, ancien ministre de la Défense qui a été arrêté en 2009 pour des accusations de corruption après s'être brouillé avec le Parti socialiste.
"Nous avons assisté à toutes les réunions de planification du coup d'État", a déclaré Jorge Rodriguez, en faisant allusion à des agents gouvernementaux qui auraient été infiltrés dans la préparation de cette tentative de renversement de Nicolas Maduro et son remplacement par le général Baduel.
Juan Guaido, la Colombie et les États-Unis accusés
Le ministre Jorge Rodriguez, qui a annoncé l'arrestation d'au moins six militaires, a également mis directement en cause le chef de file de l'opposition, Juan Guaido, reconnu comme président par intérim par une cinquantaine de pays, dont les États-Unis. "Jusqu'à quand Guaido ? Jusqu'à quand planifier des assassinats ? Jusqu'à quand chercher le bain de sang ?", a-t-il lancé.
Le chef de file de l'opposition a aussitôt rejeté ces accusations : "C'est la énième fois, et la presse a déjà perdu le compte du nombre de fois où ont été répétées de telles accusations. L'appel que nous avons lancé et que nous continuons de lancer s'adresse au corps militaire, c'est à l'armée de se ranger du côté de la Constitution."
Jorge Rodriguez a également pointé du doigt les présidents de droite colombien, Ivan Duque, et chilien, Sebastian Piñera, ainsi que le conseiller américain à la Sécurité nationale, John Bolton.
"La Colombie agit face à la situation au Venezuela en accomplissant les devoirs légaux et politiques qui lui incombent en tant que membre actif de l'Organisation des états américains", a rétorqué mercredi soir le ministre des Affaires étrangères, Carlos Holmes Trujillo, lors d'une conférence de presse avec le chef de l'OEA, Luis Almagro. Sans jamais se référer directement aux accusations énoncées par Caracas, il a ajouté que son pays allait "continuer à agir par des moyens politiques et diplomatiques". Plus incisif, Luis Almagro a pour sa part déclaré "avoir difficilement vu moins sérieux que les accusations de Jorge Rodriguez sur n'importe quel thème".
Moscou rapatrie ses militaires
Jorge Rodriguez a aussi accusé l'ancien chef du renseignement du Venezuela, le général Cristopher Figuera, parti en Colombie après le soulèvement raté du 30 avril contre Nicolas Maduro et arrivé lundi aux États-Unis, d'avoir levé "des centaines de milliers de dollars" pour financer cette opération.
Selon le correspondant de France 24 à Caracas, Benjamin Delille, "ce genre d’accusation s'est répété quasiment chaque mois de la part de Jorge Rodriguez qui chaque fois s'exprime à la télévision publique vénézuélienne et avec des graphiques et des vidéos pour accuser les États-Unis, la Colombie, le Chili et d'ailleurs quasiment tous les pays latino-américains de droite de tenter de vouloir renverser Nicolas Maduro." "Au sein des forces d’opposition, tout le monde accuse Jorge Rodriguez d’avoir inventé cette tentative de coup d'État pour essayer de justifier le maintien de Nicolas Maduro au pouvoir", ajoute le journaliste.
Cinq mois après l'apparition surprise de l'opposant Juan Guaido qui promettait une fin rapide au pouvoir de Nicolas Maduro, le jeu politique au Venezuela s'est figé dans un face-à-face où l'armée et les États-Unis donnent le ton. En mai, les deux parties ont accepté d'entamer un dialogue de leurs représentants sous la médiation de la Norvège, mais celles-ci n'ont pour l'heure rien donné.
La Russie, principal soutien du régime avec la Chine, a annoncé pour sa part mercredi avoir rapatrié ses "techniciens" militaires du Venezuela, soulignant qu'ils n'étaient occupés qu'à la "maintenance" des équipements militaires livrés à Caracas et à la formation des militaires vénézuéliens, et aucunement à de la "déstabilisation".
Avec AFP et Reuters