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Le candidat du pouvoir Mohamed Oud Ghazouani remporte la présidentielle en Mauritanie

Mohamed Ould Ghazouani, candidat du pouvoir à la présidentielle en Mauritanie, a revendiqué la victoire dimanche. L'opposition dénonce un "nouveau coup d’État".

Un ancien chef d'état-major pour succéder au général Mohamed Ould Abdel Aziz   ? Le candidat du pouvoir à l'élection présidentielle de samedi en Mauritanie, Mohamed Ould Ghazouani, s'est proclamé vainqueur dimanche 23 juin avant l'aube du premier tour du scrutin présidentiel – à partir des résultats de 80 % des bureaux de vote.

Dans la soirée, la Commission électorale nationale indépendant   (Céni) a confirmé qu'il avait obtenu la majorité absolue avec 52,01   % des suffrages. Il devance ainsi largement ses opposants, le militant anti-esclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid   (18,58   %), l'ancien Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar   (17,87   %), le journaliste Baba Hamidou Kane (8,71 %) et le professeur d'université Mohamed Ould Moloud (2,44 %). Le taux de participation fut de 62,66 %, selon la Céni.

Le porte-parole du gouvernement a félicité M. Ghazouani en le présentant comme le "président élu". "Nous lui souhaitons tous de réussir dans son entreprise", a écrit sur Twitter le ministre des Communications, Sidi Mohamed Ould Maham.

De "multiples irrégularités" dénoncées

Ces résultats doivent encore être validés par le Conseil constitutionnel, après l'examen d'éventuelles contestations. Qualifiant de "nouveau coup d'État" la déclaration de victoire du candidat du pouvoir, les quatre candidats de l'opposition ont annoncé leur intention d'utiliser tous les recours légaux.

Le candidat du pouvoir Mohamed Oud Ghazouani remporte la présidentielle en Mauritanie

"Le pouvoir a perdu la bataille électorale", a affirmé Biram Ould Dah Ould Abeid lors d'une conférence de presse conjointe des quatre candidats de l'opposition.  Sidi Mohamed Ould Boubacar a dénoncé de "multiples irrégularités" qui selon lui "ôtent toute crédibilité" à cette élection. "Nous rejetons les résultats de ce scrutin et nous considérons qu'ils n'expriment nullement la volonté du peuple mauritanien", a-t-il dit, exigeant leur publication par la Céni "bureau par bureau".

Des incidents ont éclaté après les déclarations de M. Ghazouani, dans la capitale Nouakchott et à Nouadhibou (nord-ouest), l'unique province où il a été devancé par M. Ould Abeid.

Des manifestations attendues lundi

Parallèlement, les quatre candidats de l'opposition étaient convoqués par le ministre de l'Intérieur Ahmedou Ould Abdallah, qui leur a demandé d'appeler au calme, selon les intéressés.

"Nous allons organiser des manifestations de protestation, c'est notre droit constitutionnel", a déclaré Mohamed Ould Moloud, lors d'une nouvelle conférence de presse conjointe qui s'est tenue très tard dans la nuit de dimanche à lundi, insistant sur leur caractère "pacifique".

Ces manifestations débuteront lundi après-midi, a précisé Baba Hamidou Kane. "Les quatre candidats de l'opposition iront demain (lundi) à la Céni porter officiellement leur protestation et le rejet des résultats."

Une première transition depuis 2008

Mohamed Oud Ghazouani , qui a été chef d'état-major pendant dix   ans, puis quelques mois ministre de la Défense, est un compagnon de toujours de Mohamed Ould Abdel Aziz, à la tête du pays depuis 2008. Ce dernier était arrivé au pouvoir par un coup d'État, puis avait été élu en 2009 et réélu en 2014 lors d'un scrutin boycotté par les principaux partis d'opposition.

Ne pouvant se représenter après deux mandats, Mohamed Ould Abdel Aziz avait apporté son soutien à son ancien ministre de la Défense dans un scrutin présenté comme la première transition entre un président sortant et son successeur élu dans ce pays secoué par de nombreux coups d'État de 1978  à   2008.

Avec AFP et Reuters