Depuis le début du mois de juin, les Indiens attendent une mousson qui n’arrive pas. La très forte canicule ne faisant qu’empirer la situation, le pays connaît une pénurie d’eau sans précédent aux conséquences dramatiques.
"C’est la pire vague de chaleur de l’histoire" selon Anup Kumar Srivastava, expert à l’Autorité indienne de gestion des catastrophes, interrogé par Reuters. Depuis plusieurs semaines, l'Inde est en proie à de très fortes températures, qui grimpent jusqu’à 50 °C dans certaines régions. La situation ne fait qu'empirer à cause du retard de la mousson, attendue depuis 20 jours. Et la population subit l'une des plus fortes crises de l'eau jamais enregistrées.
Tous les ans, le pays connaît une période de fortes chaleurs juste avant la mousson, censée débuter en juin et terminer en septembre. Mais depuis quelques années, la saison des pluies se fait plus courte, et les pluies sont moins denses, tandis que les températures ne cessent de monter à cause du changement climatique.
Une crise qui génère des tensions dans le pays. Mercredi 19 juin, les habitants de la ville de Coimbatore, dans le sud-ouest de l’Inde, ont manifesté devant le bâtiment du gouvernement municipal pour dénoncer la négligence des autorités, donnant lieu à plus de 500 arrestations. Des camions d’approvisionnement en eau auraient été détournés, et leurs chauffeurs attaqués, selon l’ONG indienne Force. Le parti de l’opposition Dravida Munnetra Kazhagam appelle à une nouvelle manifestation le 22 juin.
Chennai, la sixième ville la plus peuplée du pays, n'est presque plus alimentée en eau depuis début juin. Les quatre réservoirs qui approvisionnent la métropole, dont l’immense lac de Puzhal, sont à sec. Chaque jour, les habitants de la ville sont obligés de faire la queue pendant des heures pour récupérer des bidons et bouteilles d’eau, acheminés de régions voisines. Dans la ville de Salegaon, au centre de l'Inde, les gens feraient la queue jusqu'à deux jours avant le passage du camion-citerne, rapporte Reuters.
That’s the mighty Chembarambakkam Lake that gives Chennai most of its water. Now, not a drop visible. Bone dry. If this doesn’t push people & Govt to action, no one can save us https://t.co/wZ0Qh3vpBC pic.twitter.com/4RdpT3qArr
Srini Swaminathan (@srini091) 17 juin 2019Dans le nord, les hôpitaux sont surchargés. "Hier, nous avons recensé 26 personnes mortes, et deux de plus aujourd’hui. C’est la chaleur qui les a tuées", déclarait déjà lundi Mangal Pandey, ministre de la Santé de l’État du Bihar, lors d’une conférence de presse.
Ces épisodes génèrent également des souffrances morales. En août 2017, une étude publiée dans le journal de la National Academy of Sciences établissait une corrélation entre la hausse des températures durant la canicule de 2015 et le nombre de suicides de fermiers du pays. Selon le gouvernement, plus de 300 000 agriculteurs se seraient donné la mort depuis 1995, les récoltes étant quasi nulles et les dettes toujours plus importantes.