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Le gouvernement de Hong Kong a annoncé, samedi, la suspension du projet de loi autorisant les extraditions vers la Chine qui a soulevé une importante vague de contestation dans l'ancienne colonie britannique.

Carrie Lam, la dirigeante de l'exécutif pro-Pékin de Hong Kong a annoncé, samedi 15 juin, la suspension de son impopulaire projet de loi visant à autoriser les extraditions vers la Chine.

"Le gouvernement a décidé de suspendre la procédure d'amendement législatif", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse.

"Le conseil arrêtera de travailler sur le projet de loi jusqu'à ce que nous ayons achevé de communiquer et d'entendre les opinions, a-t-elle ajouté. Nous n'avons pas l'intention de fixer une date limite pour ce travail."

L'ancienne colonie britannique était confrontée ces derniers jours à une importante vague de contestation et à des appels à abandonner le projet, y compris venant de son propre camp.

Les chefs de file de la contestation ont d'ailleurs annoncé qu'ils maintenaient un appel à manifester dimanche contre le projet de loi, estimant que sa simple "suspension" n'était pas suffisante.

"Nous devons dire au gouvernement que le peuple de Hong Kong continuera de manifester tant que nous ne verrons pas un retrait du projet", a déclaré à la presse Jimmy Sham, du Civil Human Rights Front.

De son côté, Pékin a réagi de façon ambigüe. "Nous soutenons, respectons et comprenons cette décision", a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué, évoquant la nécessité de "restaurer le calme au plus vite" dans le territoire.

Mais l'agence chinoise chargée des relations avec Hong Kong, a, quant à elle, déclaré dans un communiqué séparé que la loi sur l'extradition était "nécessaire et justifiée", que Pékin continuait à la soutenir, et était "très attentif" à l'opposition à cette loi.

Mea culpa

Carrie Lam a répété qu'à son avis cette loi était nécessaire pour empêcher la place financière asiatique de devenir un refuge pour criminels, mais elle a admis que son administration avait sous-estimé l'opposition populaire.

"Je suis profondément attristée et regrette que les déficiences de notre travail et d'autres facteurs aient provoqué d'importantes controverses et conflits dans la société, après une période de deux ans relativement calme", a-t-elle déclaré.

Hong Kong a connu mercredi ses pires violences politiques depuis sa rétrocession à la Chine en 1997. Des dizaines de milliers de protestataires ont été dispersés par la police anti-émeutes avec des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène. Un million de personnes ont manifesté dimanche dernier.

Sortir de l'impasse

L'opposition au projet de loi réunit avocats, organisations juridiques influentes, capitaines d'industrie, chambres de commerce, journalistes, militants et diplomates occidentaux.

Selon le South China Morning Post, Carrie Lam avait tenu vendredi soir une réunion d'urgence avec ses conseillers, tandis que des responsables chinois se réunissaient eux aussi dans la ville voisine de Shenzhen pour tenter de trouver un moyen de sortir de l'impasse.

Carrie Lam, qui a été nommée par une commission largement composée de loyalistes pro-Pékin, avait jusqu'ici refusé d'abandonner le projet de loi sur l'extradition malgré des mois de critiques et de protestations.

Mais elle s'est trouvée vendredi devant des appels de plus en plus nombreux venant de son propre camp politique - y compris de parlementaires pro-Pékin - à céder devant la colère de la population.

Vendredi soir, des milliers de parents s’étaient rassemblés dans un parc au cœur du quartier commercial de Hong Kong pour condamner l'usage par la police mercredi de balles de caoutchouc et de gaz lacrymogène contre des manifestants qui sont en majorité des jeunes.

Avec AFP