
Attendu pour une courte visite d'État au Brésil, Nicolas Sarkozy tentera de concrétiser les efforts de Dassault, dont le modèle Rafale semble favori pour un contrat de 4 milliards d'euros. Ce serait la première exportation de l'appareil.
AFP - Nicolas Sarkozy était attendu dimanche soir au Brésil pour une courte visite d'Etat au cours de laquelle il espère enfin ficeler, à défaut de pouvoir l'annoncer, la première victoire très attendue à l'étranger de l'avion de combat français Rafale.
Invité d'honneur lundi des festivités de la fête nationale brésilienne, le président français doit arriver à 19h30 locales (22h30 GMT) dans la capitale fédérale Brasilia, sans son épouse Carla, et retrouver sans attendre son homologue Luiz Inacio Lula da Silva pour un dîner privé.
Présenté du côté français comme le "temps le plus important en substance" du séjour, ce premier rendez-vous doit permettre aux deux hommes, qui se sont déjà vus en tête-à-tête trois fois depuis le début de l'année, de passer en revue l'essentiel de leur ordre du jour, dont l'appel d'offres lancé par le Brésil pour la fourniture de 36 avions de chasse.
A quelques semaines du verdict attendu d'une compétition acharnée et dotée d'environ 4 milliards d'euros, le Rafale de Dassault fait figure de favori devant le Gripen du suédois Saab et le F/A-18 Hornet de l'américain Boeing.
Pour séduire le géant sud-américain, qui souhaite développer sa propre industrie de défense, la France a consenti dans son offre des transferts de technologies jugés "sans précédent" et compte désormais sur les liens privilégiés noués entre les deux chefs d'Etat pour emporter la mise.
"Entre le Brésil et la France, il ne s'agit pas d'une relation de fournisseur à client, mais d'un partenariat", a plaidé Nicolas Sarkozy dans un entretien paru dimanche matin dans le quotidien O Globo. "Et si nous voulons faire ensemble, c'est parce que nous partageons les mêmes valeurs et une même vision des grands enjeux internationaux", a-t-il insisté.
Le président Lula s'est montré sensible à ces arguments en laissant paraître sa préférence pour l'avion tricolore. "La France s'est montrée le pays le plus flexible pour le transfert de technologie", a-t-il confié mercredi dans un entretien à l'AFP, "évidemment, c'est un avantage comparatif exceptionnel".
Malgré ce coup de pouce, l'entourage du chef de l'Etat, échaudé par les précédents échecs du chasseur français à l'export, préfère ne pas anticiper une éventuelle annonce pendant sa visite, le calendrier fixé par les Brésiliens ayant reporté une décision à octobre.
A défaut de Rafale, M. Sarkozy formalisera les contrats conclus en décembre, lors de son précédent séjour brésilien, pour la fourniture de quatre sous-marins d'attaque Scorpène, de 50 hélicoptères de transport militaire et la fabrication d'une coque de sous-marin nucléaire.
Ces contrats, selon la presse brésilienne, sont estimés à 8,5 milliards d'euros.
Le quotidien Folha de Sao Paulo titre ainsi en une dimanche que "le Brésil va signer avec la France son plus gros contrat militaire" et ajoute que "probablement" le Brésil va y ajouter à bref délai l'acquisition d'avions de combat français.
Nicolas Sarkozy compte également pousser les entreprises françaises qui se battent pour décrocher des contrats sur le marché brésilien, comme celui de la ligne TGV entre Rio de Janeiro et Sao Paulo.
Il sera d'ailleurs accompagné à Brasilia d'une escorte de patrons de grandes entreprises (EADS, Safran, Alstom, GDF Suez, Dassault), qui lanceront la semaine prochaine avec les Brésiliens un "groupe de haut niveau" chargé, selon l'Elysée, de "préparer la prochaine étape du partenariat".
Lundi matin, il doit assister à la traditionnelle parade de la fête nationale avant un nouvel entretien avec Lula et une conférence de presse. Après un visite du chantier du tramway de Brasilia, confié à Alstom, puis une brève rencontre avec la communauté française, il remettra le cap sur Paris.