Des milliers de manifestants ont battu le pavé vendredi à Monrovia, au Liberia, pour protester contre le président George Weah. Ils réclamaient de meilleurs conditions de vie et le renforcement de la lutte contre la corruption.
Il s’agit du premier test d’envergure pour le président libérien George Weah. Des milliers de personnes sont descendus vendredi 7 juin dans les rues de Monrovia pour obtenir de meilleures conditions de vie.
Des dizaines d'associations de la société civile avaient appelé depuis deux mois à manifester ce jour-là, y compris des pans de la jeunesse ayant porté l'ex-footballeur star au pouvoir en janvier 2018.
Alors que les rues de la capitale de ce pays pauvre d'Afrique de l'Ouest étaient inhabituellement désertes, les manifestants ont convergé vers Capitol Hill, siège des principales institutions du pays, où ils étaient plusieurs milliers à la mi-journée. Les organisateurs n'ont pas souhaité avancer d'estimations, mais une source policière a évoqué quelque 4 000 participants.
Twitter et Facebook, très utilisés pour battre le rappel, étaient inaccessibles vendredi à Monrovia, selon des correspondants de l'AFP.
Inflation galopante
Les manifestants réclament des mesures pour résorber la crise économique, un tribunal spécial pour juger les responsables de la guerre civile et le renforcement de la lutte contre la corruption.
"Le problème fondamental, c'est le cours du dollar américain", qui a doublé par rapport au dollar libérien en deux ans, selon le professeur d'économie Samuel Vaye. "Avant, je pouvais nourrir ma famille pendant un jour avec 500 dollars libériens. Maintenant, avec 1 000 dollars, je n'y arrive pas", se désole Angeline , une mère de famille de 35 ans.
Des opérations monétaires hasardeuses conduites par la Banque centrale du Liberia (CBL) sous les administrations Sirleaf puis Weah n'ont fait qu'aggraver la situatio n. Cinq anciens responsables de cette institution, dont un fils de Mme Sirleaf, ont été inculpés en mars de "sabotage économique".
Pour le populaire animateur radio Henry Costa, fer de lance du mouvement, cette manifestation n'est qu'un début. "Nous ne quitterons les rues que lorsque nous aurons obtenu des résultats", a-t-il prévenu.
"Je reste à la maison pour m'assurer que mes enfants ne descendent pas dans la rue. J'ai de bonnes raisons d'avoir peur, parce que dans l'histoire de ce pays, les grandes crises commencent toujours par des manifestations et se terminent en graves violences", a confié un père de famille, Mustafa Kanneh.
Le retour de la violence ?
La communauté internationale s'inquiète d'une possible résurgence des violences, alors que le pays reste hanté par une guerre civile qui a fait quelque 250 000 morts de 1989 à 2003.
Élu successeur de la présidente Ellen Johnson Sirleaf (2006-2018) sur un programme de résorption de la pauvreté et de lutte contre la corruption, le président George Weah, ex-star du PSG et du Milan AC, a promis de garantir la sécurité et le droit de manifester.
Mais il a haussé le ton jeudi en affirmant : "Les insultes et l'incitation à la violence ne seront plus jamais tolérées sous mon administration". Il a également défendu son bilan après un an et demi au pouvoir, invoquant le poids de l'héritage de l'administration précédente.
Avec AFP