
Selon un rapport officiel rendu public mardi, les exportations d'armement français ont bondi de 30 % en 2018. Le Proche et le Moyen-Orient sont restés la première région d'exportation, avec plus de la moitié du total des prises de commandes.
Les exportations d'armement français ont bondi de 30 % à 9,1 milliards d'euros en 2018, avec pour principaux destinataires le Qatar, la Belgique et l'Arabie saoudite, client controversé en raison de son engagement dans le conflit au Yémen, selon un rapport officiel.
Ceci constitue l'"un des meilleurs chiffres de ces vingt dernières années", se félicite la ministre française des Armées, Florence Parly, citée dans ce rapport à destination du Parlement, publié mardi 4 juin.
Le Proche et le Moyen-Orient sont restés l'an dernier la première région d'exportation de la France, avec un peu plus de la moitié du total des prises de commandes.
Sur les dix dernières années (2009-2018), les trois plus gros clients d'armement français sont l'Inde (avec une commande de 36 Rafale), l'Arabie saoudite et le Qatar.
Troisième pays exportateur d'armes dans le monde après les États-Unis et la Russie, la France est régulièrement mise en cause, notamment par des ONG et des parlementaires, pour ses ventes d'armement à l'Arabie Saoudite et aux Émirats arabes unis, engagés dans un conflit au Yémen qui a fait des dizaines de milliers de morts depuis 2015, dont de nombreux civils.
En 2018, le gouvernement saoudien demeure le troisième client de la France en matière d'armement avec des prises de commandes en hausse de 50 % sur un an, à près d'un milliard d'euros (dont un contrat de patrouilleurs supérieur à 500 millions), loin devant les Émirats (environ 200 millions).
Riyad est devancée par le Qatar – près de 2,4 milliards d'euros en raison d'un gros contrat de 28 hélicoptères NH90 et d'un autre pour l'achat de 12 chasseurs Rafale supplémentaires – et par la Belgique (environ 1,1 milliard) qui a conclu un partenariat avec Paris dans les blindés.
"Un processus de contrôle interministériel rigoureux", affirme avoir des assurances que les armements vendus à l'Arabie et aux Émirats ne sont pas utilisés contre des civils au Yémen, et insiste sur l'importance du "partenariat stratégique" avec ces deux pays.
Hausse des ventes en Europe
"Exporter des équipements, c'est dynamiser notre industrie de défense", fait également valoir Florence Parly, en rappelant que l'armement représente 13 % des emplois industriels, avec 200 000 postes.
"Le rapport 2018 confirme nos craintes les plus vives", a réagi Tony Fortin, de l'Observatoire des armements, en regrettant que "les contrats et les livraisons avec des pays accusés de crimes de guerre (Arabie saoudite) ou de répression contre leur population (Égypte) atteignent des montants très élevés".
Pour Jon Cerezo, de l'ONG Oxfam France, "la France doit arrêter de se rendre complice d'une des pires crises humanitaires dans le monde et de la souffrance subie par la population yéménite depuis plus de 4 ans".
Dans son rapport, le gouvernement français met par ailleurs l'accent sur la part croissante de l'Europe dans ses exportations d'armement, soit plus de 25 % du total contre 10 % en moyenne les années précédentes.
Outre la Belgique, l'Espagne figure aussi parmi ses cinq premiers clients, avec respectivement un contrat de 442 blindés et un autre portant sur 23 hélicoptères NH90.
Avec AFP