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Après la répression meurtrière à Khartoum, l'armée annule l'accord de transition

L'armée soudanaise a annoncé, mardi, l'annulation des accords passés avec l'opposition et l'organisation d'élections sous neuf mois. Les violences de la veille, qui ont fait au moins 35 morts à Khartoum lors du sit-in, feront l'objet d'une enquête.

Coup de théâtre au Soudan, après une journée sanglante à Khartoum au cours de laquelle 35 personnes sont mortes. Le Conseil militaire de transition a annoncé, dans la nuit de lundi 3 à mardi 4 juin, l'annulation de tous les précédents accords conclus avec l’opposition. L’armée a également appelé à organiser des élections sous neuf mois.

Malgré un accord partiel sur une période de transition de trois ans et la composition d'un organe législatif, les discussions entre l’armée et l’opposition butaient depuis le 20 mai sur la question de la répartition du pouvoir entre civils et militaires.

Le Conseil militaire de transition "décide de cesser de négocier avec l'Alliance pour la liberté et le changement" (ALC, fer de lance de la contestation), "d'annuler ce qui avait été agréé et de tenir des élections dans un délai de neuf mois", a déclaré le chef du Conseil, le général Abdel Fattah al-Burhane, dans un communiqué diffusé à la télévision officielle. Il  a ajouté que les élections se tiendraient sous "une supervision régionale et internationale".

Une "opération de nettoyage", selon l'armée

Le général Burhane s'est également engagé à mener une enquête sur les événements de lundi, le plus grave accès de violence depuis la destitution du président Omar el-Béchir le 11 avril dernier.

Selon le comité des médecins, "plus de 35" personnes sont mortes et des centaines ont été blessées dans la dispersion, sur ordre du Conseil militaire, du sit-in devant le QG de l'armée à Khartoum. Le Conseil militaire a affirmé, mardi, "regretter" les événements, évoquant une "opération de nettoyage" menée par les forces de sécurité qui a dérapé.

Réunion du Conseil de sécurité de l'ONU

L'intervention de l'armée a suscité de vives critiques à l'étranger. Le Royaume-Uni et l'Allemagne ont demandé une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU. Cette réunion, à huis clos, devrait se tenir mardi, selon des diplomates.

L'Association des professionnels soudanais (SPA), acteur clé de l'ALC, a appelé la population à sortir mardi, jour de la fête de l'eid de fin du ramadan selon elle, pour "prier pour les martyrs" et pour "manifester pacifiquement" après la prière. La date officielle de l'eid el-Fitr a néanmoins été fixée à mercredi 5 juin, selon l'agence de presse soudanaise Suna.

L'ALC a appelé dans un communiqué à des "marches pacifiques". L'ALC avait annoncé lundi interrompre "tout contact politique" avec le Conseil militaire après la dispersion du sit-in. Elle avait appelé à "la grève et la désobéissance civile totale et indéfinie" pour "renverser le régime".

Avec AFP et Reuters