Dans une ambiance festive malgré une mobilisation en perte de vitesse, 9 500 personnes ont manifesté en France samedi, dont 1 500 à Paris, à l'occasion de l'acte XXIX des Gilets jaunes.
Acte XXIX festif et ensoleillé pour les Gilets jaunes qui étaient environ 9 500 à battre le pavé en France, samedi 1er juin, dont 1 500 à Paris, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Il s'agit de la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement.
Dans la capitale, partis de la place Denfert-Rochereau (XIVe arrondissement) vers 13 h, les manifestants, équipés pour la plupart de sifflets et de tambours, ont rejoint la place de la Nation.
Essoufflement de la mobilisation
"Justice sociale, justice fiscale", "anti, anti, anticapitaliste" faisaient partie des refrains scandés par le cortège parisien, plus mince encore que lors de l’acte précédent (2 100 manifestants avaient été comptabilisés par le ministère de l’Intérieur).
"On ne lâche rien ! Les médias disent que le mouvement est mort, mais c'est faux", affirme Sandrine, 53 ans, de Massy-Palaiseau, auxiliaire familiale, et présente chaque samedi depuis le 17 novembre, date de l’acte I. "On est hyper résistants", assure-t-elle. "Il y aura peut-être un petit creux pendant l'été, mais en septembre, ça va repartir de plus belle."
À Toulouse, où seules quelques centaines de personnes étaient réunies samedi, Josiane, mobilisée depuis le mois de novembre, ne cache pas son blues : "C'est la première fois qu'il y a si peu de monde à Toulouse, ça me fait mal au cœur. Le gouvernement, le pouvoir, ils sont trop forts, au final on n'a rien gagné et en plus on s'est fait insulter et taper dessus", déplore cette retraitée.
Si les manifestations des Gilets jaunes ont été marquées par des samedis de mobilisations variables, attirant jusqu’à plus de 200 000 manifestants dans les rues du pays, les dernières semaines ont montré un essoufflement de la mobilisation. Le 18 mai, ils étaient environ 15 500 à travers la France, et 12 500 le 25.
Une perte de vitesse qui, pour les manifestants présents dans le cortège parisien, ne sonne pas pour autant la fin de mobilisation. "Macron va continuer ses projets de réforme et, à chaque projet, la contestation va repartir", assure Sandrine.
"Le mouvement va continuer", abonde Luca, 48 ans, qui imagine "à long terme des organisations de démocratie directe au niveau local [issues du mouvement]".
"Structurer l'élan"
"Pour continuer à venir, il faut vouloir aller au-delà, penser un peu politiquement, structurer l'élan qu'a été les Gilets jaunes", estime Jean-Marc, 64 ans, enseignant à la retraite vivant à Créon, dans la grande banlieue de Bordeaux. "Mais pas dans un parti, en tout cas."
Les "quelques mesurettes du gouvernement ont pu donner un peu d'oxygène à certains", ajoute-t-il, "mais la souffrance est toujours là. Des gens au point de rupture, j'en vois toujours."
Même constat à Montpellier pour Éric, 61 ans, balayeur pour la ville. "J'ai grandi en HLM. Depuis tout petit, je constate trop d'inégalités. Je suis Gilet jaune depuis que je suis né, et encore pour longtemps. Même si ça dure encore deux ans, je serai là."
Slogans anti-forces de l’ordre
Cette semaine, le procureur de Paris a assuré que des policiers seraient jugés pour violences lors des manifestations. Une décision qui a suscité la colère dans les rangs des organisations syndicales de police.
Samedi, plusieurs slogans anti-forces de l'ordre étaient scandés dans les rues de Paris.
Depuis le début du mouvement le 17 novembre, 2 448 personnes ont été blessées côté manifestants et 1 797 parmi les forces de l'ordre, selon des chiffres du ministère de l'Intérieur (arrêtés au 13 mai).
"Cela reste de la communication, l'arbre qui cache la forêt et je pense que l'on est loin du compte", a commenté Jérôme Rodrigues, figure du mouvement, "donc j'appelle tous les blessés à aller porter plainte", ajoute celui qui a lui-même perdu un œil le 26 janvier. Une "marche des mutilés" est prévue dimanche à Paris.
Optimiste, Sandrine espère : "Peut-être que les policiers vont rejoindre le mouvement et se mettre de notre côté […], car aujourd'hui l'État se retourne contre eux, alors qu'ils n'ont fait qu'obéir aux ordres."
Avec AFP