Des centaines de milliers d'enseignants et d'étudiants ont déferlé mercredi soir dans les grandes villes du Brésil pour défendre les universités, menacées par d'importantes coupes budgétaires.
Le président du Brésil Jair Bolsonaro n'avait pas vu un tel mouvement de contestation depuis son arrivée au pouvoir en janvier. Une marée humaine a déferlé, mercredi 15 mai, dans 27 États et 188 villes du Brésil. Ces centaines de milliers de manifestants protestaient contre des coupes de 30 % dans le budget des universités fédérales. Mais ils ont aussi fustigé les piliers de la politique du chef de l’État : port d'arme et réforme des retraites.
Les seuls chiffres fournis par la police ont fait état, en soirée, de 20 000 manifestants à Belem (nord) et 15 000 à Brasilia (centre-ouest). Mais selon les organisateurs, 150 000 personnes ont manifesté à Sao Paulo (sud-est), 70 000 à Salvador (nord-est), 20 000 à Curitiba (sud) et 15 000 à Belo Horizonte (sud-est).
Le président Bolsonaro a vu dans les manifestants "quelques idiots utiles manipulés par une minorité experte qui compose le cœur des universités fédérales au Brésil". "Il n'y a pas de coupes. Le problème c'est que j'ai trouvé un Brésil détruit économiquement (en arrivant au pouvoir, NDLR)", a dit le président. "Le gel [des crédits] est inférieur aux prévisions", a-t-il assuré.
Un autobus incendié à Rio
La présence policière a été très discrète toute la journée. En début de soirée, un autobus a été incendié à Rio de Janeiro et deux autres incidents avaient été rapportés, dans cette ville et à Porto Alegre, où la police a dispersé des manifestants avec des gaz lacrymogènes.
"Des livres oui, des armes non !" lisait-on sur les panneaux de manifestants, dont beaucoup de jeunes défilant en musique à Sao Paulo, en référence à la politique pro-armes de Jair Bolsonaro. "La classe aujourd'hui est dans la rue", lisait-on sur des stands dressés par des manifestants à Rio.
L'annonce récente du gel de 30 % des subventions aux universités fédérales par le nouveau ministre de l'Éducation, Abraham Weintraub, a mis le feu aux poudres dans un secteur déjà sinistré par le manque de moyens. La suspension du versement des bourses de master et doctorat en sciences et sciences humaines la semaine dernière a jeté de l'huile sur le feu.
Répétition générale
Depuis l'arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro, l'enseignement a été le terrain privilégié de la chasse au "marxisme culturel" pour un gouvernement décidé à éliminer tout supposé endoctrinement gauchiste des élèves dans les salles de classe.
Encore sonnée par sa défaite dans les urnes contre Jair Bolsonaro en octobre 2018, la gauche espère relever la tête à la faveur du mouvement de contestation dans l’enseignement. Plusieurs syndicats ont ainsi estimé que la journée de mercredi était une répétition générale avant la grève nationale contre l'impopulaire réforme des retraites à laquelle ils ont appelé pour le 14 juin.
Avec AFP