
L'Irak, qui a réintroduit la peine capitale en 2004, est l'un des pays qui exécute le plus grand nombre de détenus au monde, selon un rapport d'Amnesty International. L'ONG estime que quelque 1 000 personnes attendent dans le couloir de la mort.
Quatre membres des forces de sécurités irakiennes ont été condamnés à mort, mercredi, à Bagdad pour le braquage d’une banque au cours duquel huit policiers ont été tués. Un verdict qui illustre le nombre croissant de condamnations à mort en Irak, comme l'avance Amnesty International.
L’ONG estime, en effet, que plus de 1000 personnes attendent dans le couloir de la mort irakien.
La porte-parole d’Amnesty en charge du Moyen-Orient, Nicole Choueiry, indique que ces chiffres proviennent des statistiques émises en 2008 par le ministère irakien des Droits de l’Homme, que des témoignages ont permis de mettre à jour.
"Les vrais chiffres sont probablement plus élevés parce que les autorités ont de moins en moins communiqué au cours des 18 derniers mois", indique-t-elle à FRANCE 24. Une opacité liée à "la multiplication des condamnations internationales contre le recours à la peine de mort en Irak", selon elle.
Une sentence populaire
Une source gouvernementale a confié de manière anonyme à l’AFP que l’Irak exécutait une dizaine de personnes par jour en moyenne, du fait de la hausse des violences dans le pays.
Une estimation jugée "tout à fait réaliste" par Zaid al-Ali, un expert judicaire irakien basé au Liban. Contacté par FRANCE 24, il précise : "Le gouvernement actuel veut rétablir l’ordre et la loi parce qu’il estime que les prochaines élections se gagneront sur ce terrain là". Et d’ajouter qu’"une large partie de la population est favorable à la peine de mort, surtout depuis que les crimes violents sont en hausse".
"Quand la peine de mort a été rétablie en 2004, il n’y avait que peu d’exécutions, mais depuis que la situation a dégénéré, en 2005, leur nombre a explosé", rappelle M. Al-Ali.
Le rapport d’Amnesty International précise que le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki a lui-même défendu, à de nombreuses reprises, la peine de mort.
Suspendue en 2003 après la chute de Saddam Hussein, la peine capitale a été réintroduite par les autorités irakiennes en 2004.
Le rapport d’Amnesty International, intitulé “1 000 personnes face à la peine de mort", condamne également les conditions de détention ainsi que l’aide juridique proposées aux détenus, précisant même que certaines confessions sont obtenues sous la torture.
M. Al-Ali est d’accord pour dire que "la condition des prisonniers est très dure", qu'ils "sont souvent battus et torturés". Il reconnaît toutefois que les détenus ont accès à une certaine forme d'aide juridique, bien que celle-ci soit de qualité "variable".
Selon Amnesty International, les défaillances du système judiciaire irakien sont telles que les tribunaux nationaux sont incapables de juger les délits et les petits crimes... et encore moins d’appliquer la peine de mort.