Le Tribunal arbitral du sport a rejeté mercredi le recours de l'athlète Caster Semenya contre les règles de la Fédération internationale d'athlétisme obligeant les hyperandrogènes, comme elle, à faire baisser leur taux de testostérone.
C'est un coup dur pour Caster Semenya. Le Tribunal arbitral du sport (TAS) a rejeté mercredi 1er mai le recours de l'athlète sud-africaine contre les règles de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) obligeant les athlètes hyperandrogènes, comme elle, à faire baisser leur taux de testostérone. Mais l'institution demande toutefois à l'IAAF d'amender son réglement.
Le TAS ne donne en effet pas un blanc-seing à la fédération. Le panel chargé du dossier exprime, "dans une sentence longue de 165 pages, de sérieuses préoccupations au sujet de la future application pratique de ce réglement", indique le communiqué transmis par le TAS.
"Le TAS n'a pas validé le réglement de l'IAAF, il a simplement rejeté les requêtes de Semenya", a indiqué Matthieu Reeb, secrétaire général de l'instance juridique de recours. "C'est à l'IAAF maintenant de travailler sur son réglement pour l'adapter en fonction des réserves posées par le TAS." En l'état, le réglement de l'IAAF ne s'appliquera donc pas avant que la fédération ait corrigé ses aspects litigieux, pointés par le TAS.
Trois points posent particulièrement problème aux experts : d'abord, la difficulté d'appliquer un principe de responsabilité objective en fixant un seuil de taux de testostérone à respecter, ensuite la difficulté de prouver un véritable avantage athlétique chez les athlètes hyperandrogènes sur les distances du 1 500 m et du mile, enfin les éventuels effets secondaires du traitement hormonal.
"Des règles discriminatoires"
S'il n'est pas une victoire pour l'IAAF, le jugement du TAS est une défaite pour Caster Semenya, double championne olympique du 800 m, et les autres athlètes hyperandrogènes qui devront se soumettre à un règlement spécifique, même une fois modifié.
"La décision du TAS ne m'arrêtera pas", a réagi Caster Semenya. "Depuis une décennie l'IAAF a tenté de me faire ralentir, mais cela m'a rendue plus forte encore", a-t-elle dit dans un communiqué publié par ses avocats. Déçue de la décision, la double championne olympique du 800 m se déclare tout de même "ravie" que les trois juges (du TAS) aient reconnu que les règles de l'IAAF sont "discriminatoires envers certaines femmes". Dans le même communiqué, Semenya promet : "Une fois de plus je vais surmonter cela et continuer d'inspirer des jeunes femmes et athlètes en Afrique du Sud et dans le monde entier".
Si le TAS a estimé que le réglement sur les DDS (différences de développement sexuel) était bien "discriminatoire", il a en revanche jugé, sur la base des preuves soumises par les parties au cours de la procédure, qu'une "telle discrimination constituait un moyen nécessaire, raisonnable et proportionné d'atteindre le but recherché par l'IAAF, à savoir de préserver l'intégrité de l'athlétisme féminin dans le cadre de certaines disciplines (du 400 m au mile)".
Caster Semenya, comme les médaillées de bronze et d'argent sur 800 m aux JO de Rio en 2016, Francine Niyonsaba (Burundi) et Margaret Wambui (Kenya), ont été reconnues hyperandrogènes, c'est-à-dire générant naturellement un taux de testostérone très élevé.
Avec AFP