Un homme écroué en Turquie pour des soupçons d'espionnage au profit des Émirats arabes unis s'est suicidé en prison. Les autorités turques enquêtaient sur d'éventuels liens entre ce suspect et le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
Un détenu a été retrouvé pendu dans la prison de Silivri, près d'Istanbul, a annoncé le procureur d'Istanbul lundi 29 avril. L'homme, dont le suicide a été découvert dimanche matin, était écroué pour des soupçons d'espionnage au profit des Émirats arabes unis, a-t-il précisé .
Arrêté à Istanbul avec une autre personne il y a 10 jours, le détenu était soupçonné par les enquêteurs turcs d'"espionnage politique et militaire" et d'"espionnage international". L'enquête portait sur d'éventuels liens entre les deux suspects et le meurtre en octobre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul.
Des suspects palestiniens
Selon l'agence Reuters, ce suspect était nommé Zaki Y. M. Hasan. Les autorités turques n'avaient pas identifié sa nationalité, mais d'après la chaîne turque TRT, il serait Palestinien tout comme l'autre suspect. Zaki Y. M. Hasan serait ancien militaire de 55 ans, spécialisé dans le renseignement. L'un des deux hommes serait arrivé en octobre 2018, quelques jours après le meurtre de Jamal Khashoggi, tandis que l'autre aurait rejoint le pays un peu plus tard pour l'épauler.
Interviewé par la chaîne saoudienne Al-Arabiya, un homme se présentant comme son fils affirme que son père était parti en Turquie pour tenter d'y trouver du travail. Sa famille, ajoute-t-il, avait perdu tout contact avec lui le 7 avril. "Nous avons été surpris de découvrir subitement qu'il avait été arrêté sous de fausses accusations", poursuit-il, avant de réclamer que le corps de son père soit rapatrié et d'appeler le
président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et les puissances mondiales à enquêter sur les circonstances du décès de son père.
Une relation délicate entre la Turquie et les Émirats arabes unis
Selon un haut responsable turc, contacté par Reuters, les deux hommes ont avoué avoir espionné des ressortissants arabes pour le compte des Émirats arabes unis. La Turquie entretient des relations délicates avec l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, deux pays qui ont imposé un blocus économique au Qatar, un proche allié d'Ankara.
L'Arabie et les Émirats considèrent en outre que le Parti de la justice et du développement (AKP) du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui trouve son origine dans l'islam politique, soutient des groupes comme les Frères musulmans.
Après le meurtre de Jamal Khashoggi, un collaborateur du Washington Post critique du pouvoir de Riyad, des responsables et médias turcs ont directement mis en cause le puissant prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, dit "MBS".
Celui-ci nie toutefois toute implication dans le meurtre de l'éditorialiste, dont le corps n'a toujours pas été retrouvé. Après avoir dans un premier temps nié le meurtre, Riyad a avancé plusieurs versions contradictoires et soutient désormais que Khashoggi a été tué lors d'une opération non autorisée par le pouvoir.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a plusieurs fois affirmé qu'il n'abandonnerait pas l'enquête sur le meurtre de Jamal Khashoggi, déplorant le manque de coopération des autorités saoudiennes.
Avec AFP et Reuters