Les États-Unis ont décidé de mettre fin aux exemptions qui permettaient encore à huit pays à travers le monde d'acheter du pétrole iranien malgré l'embargo américain. L'Iran a jugé illégales ces sanctions.
Les États-Unis ont renforcé lundi 22 avril leur campagne de "pression maximale" pour faire plier l'Iran, leur ennemi numéro un au Moyen-Orient, en annonçant des sanctions contre tout pays qui continuerait à acheter du pétrole iranien, au risque de tensions avec plusieurs alliés.
Le président Donald Trump a ainsi décidé de mettre fin dès le 2 mai aux dérogations qui permettaient encore à huit pays (Chine, Inde, Turquie, Japon, Corée du Sud, Taïwan, Italie et Grèce) d'importer du brut iranien, pour "porter à zéro les exportations" et "priver le régime de sa principale source de revenus", a annoncé la Maison Blanche.
"Si vous ne respectez pas cela, il y aura des sanctions", a mis en garde le chef de la diplomatie des États-Unis, Mike Pompeo .
Cette mesure s'annonce particulièrement délicate pour Pékin, engagé dans de complexes négociations commerciales avec l'administration Trump, et pour New Delhi, allié stratégique des États-Unis et troisième importateur mondial de pétrole, dont environ un dixième des achats vient d'Iran.
"Les sanctions en question sont illégales"
L’Iran a réagi vivement après cette annonce. "Puisque les sanctions en question sont illégales dans leur principe même, la République islamique d'Iran n'avait attaché et n'attache aucune valeur ni aucune crédibilité aux dérogations accordées relativement aux dites sanctions", a indiqué le ministère iranien des Affaires étrangères dans un communiqué.
La Turquie a également vivement déploré la décision américaine. "Nous n'accepterons pas de sanctions unilatérales et de contraintes sur la manière dont nous gérons nos relations avec nos voisins", a lancé le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, dont le pays entretient déjà des relations très tendues avec l'administration américaine. La diplomatie sud-coréenne a elle promis de continuer jusqu'au bout "à faire tout son possible" pour obtenir un "renouvellement de l'exemption".
Une envolée des cours du pétrole
De son côté, l'Irak s’est dit "prêt" à exporter 250 000 barils supplémentaires par jour si les marchés le réclament. "Nous sommes prêts à exporter un quart de million de barils supplémentaires par jour", a déclaré à l'AFP un responsable gouvernemental, qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat. Selon la Maison blanche, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis se sont aussi engagés à compenser la diminution des exportations iraniennes pour faire en sorte que la demande mondiale soit satisfaite et éviter une envolée des cours du pétrole.
Les annonces de Washington ont en effet entraîné une hausse des cours du pétrole. Le brent de mer du Nord, référence du marché mondial, a gagné lundi après-midi 2,75 % à 73,95 dollars le baril, après avoir auparavant atteint 74,31 dollars, un plus haut depuis le mois de novembre.
Après s'être retiré il y a près d'un an de l'accord international de 2015 censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique, jugé trop laxiste par Donald Trump, Washington a rétabli en novembre de dures sanctions économiques contre la République islamique. Surtout, il a accompagné sa décision de la menace de mesures punitives également contre les pays qui continueraient malgré tout d'échanger avec l'Iran.
L'interdiction d'acheter du pétrole iranien, dont les ventes représentent selon Washington 40 % des revenus du régime, était la principale de ces sanctions, qui se veulent "les plus fortes de l'histoire". Les États-Unis avaient toutefois attribué des dérogations pour six mois, jugeant que le marché mondial ne pouvait supporter une trop brusque annulation des ventes de brut iranien.
Avec AFP et Reuters