Des milliers de manifestants ont réclamé jeudi la démission du Conseil militaire au pouvoir depuis le départ du président Omar el-Béchir. Celui-ci a été transféré dans la nuit de mardi à mercredi dans une prison de Khartoum.
Une semaine après la chute du président soudanais Omar el-Béchir, la pression de la rue ne faiblit pas. Des milliers de manifestants ont ainsi afflué, jeudi 18 avril, pour le 13e jour consécutif de rassemblement devant le QG de l’armée soudanaise à Khartoum. Leur objectif : obtenir la dissolution du Conseil militaire qui a poussé vers la sortie l’ancien homme fort du pays afin d’instaurer un pouvoir civil.
Le sit-in a connu un regain d'affluence et les slogans "Pouvoir aux civils, pouvoir aux civils" et "Liberté, paix, justice" ont fusé, selon un témoin.
"Il est extrêmement difficile d'avancer au plus près du lieu de rassemblement car il y a des centaines et des centaines de personnes sur les routes y menant", a indiqué un autre témoin.
Depuis le 6 avril, des milliers de Soudanais campent devant ce QG, malgré la chaleur accablante. À l'origine, ils réclamaient le départ du président déchu, destitué le 11 avril par les militaires après quatre mois de contestation populaire déclenchée initialement par le triplement du prix du pain.
"Le régime de Béchir était un régime terroriste, une dictature. Nous sommes contents de l'avoir renversé", se réjouit Mohamed Ali, un manifestant venu avec son épouse et sa sœur. "Nous avons encore un long chemin à parcourir, mais nous sommes sûrs que le Conseil militaire nous écoutera".
Une révolution inachevée
Après s'être réunis devant le ministère de la Justice, des avocats ont rejoint la foule. Nombre d'entre eux ont brandi des banderoles sur lesquelles était écrit: "Nous voulons que les lois qui restreignent les libertés soient modifiées".
"Nous voulons que le Conseil militaire soit dissout et remplacé par un conseil civil incluant des représentants de l'armée", a assuré Mohamed Naji, un responsable de l'Association des professionnels soudanais (SPA), groupe en première ligne de la contestation.
"Il est de plus en plus clair que la révolution reste inachevée", a affirmé à l'AFP Alan Boswell, du centre de réflexion International Crisis Group (ICG). "La clique sécuritaire toujours au pouvoir résiste clairement aux exigences" de la rue.
Selon lui, les manifestants ont raison de dire que les membres du Conseil militaire appartiennent à la classe dirigeante sous Omar el-Béchir.
Alan Boswell évoque tout de même un "changement". "Si vous comptez Salah Ghosh, trois dirigeants se sont retirés en une semaine", rappelle-t-il. Le chef redouté du Service national de renseignement et de sécurité (NISS), avait démissionné après la destitution de Béchir.
L'Union africaine a elle menacé lundi de suspendre le Soudan si l'armée ne quittait pas le pouvoir sous 15 jours.
Avec AFP