Le gouvernement du Gabon a annoncé, jeudi, suspendre les cours dans tout le pays pour répondre à la colère des lycéens. À l’origine des protestations, un changement des règles d’attribution des bourses.
En réponse à la colère des lycéens, qui manifestent depuis quatre jours contre un changement des règles d’attribution des bourses, le gouvernement du Gabon a annoncé, jeudi 11 avril, "la suspension des cours" dans tout le pays.
"Dans sa volonté d’apaisement et d’écoute à l’endroit des populations, le gouvernement de la République décide la suspension des cours jusqu’à nouvel ordre sur l’ensemble du territoire national", a déclaré Michel Menga M’Essonne, ministre de l’Éducation nationale.
Des milliers de lycéens dans les rues
Plusieurs organisations lycéenes ont appelé à manifester. Depuis lundi 8 avril, des milliers de lycéens défilent dans les rues des principales villes du pays. Mercredi, ils s'étaient de nouveau donné rendez-vous devant leurs établissements. Plusieurs centaines d'entre eux avaient ensuite convergé vers le quartier populaire de Nkembo, dans le centre de Libreville, la capitale.
Sous un soleil de plomb, escortés par des policiers, ceux-ci tapaient des mains, criant "nous sommes orphelins de bourse, rendez-nous nos bourses !"
Réforme de l'accès aux bourses
À la fin du mois de mars, un projet de décret restreignant l'accès aux bourses universitaires pour les futurs étudiants gabonais a été entériné.
"Sans cette bourse, nous n'aurons plus les moyens d'aller à l'Université, de louer une chambre, d'acheter les fascicules, ou tout simplement de subvenir à nos besoins d'étude", s'inquiète Samantha, 21 ans, en terminale.
Avant ce décret, les étudiants gabonais qui avaient obtenu leur baccalauréat pouvaient prétendre à une bourse universitaire dont le montant mensuel s'élevait à environ 83 000 francs CFA (soit 127 euros).
Or, le décret fixe désormais à 19 ans l'âge maximum pour avoir droit à cette bourse, et exige au moins 12 de moyenne au bac.
"On nous demande d'avoir plus de 12/20, mais avant, regardons les conditions dans lesquelles nous étudions !", lance-t-elle. L'un de ses camarades ajoute que dans son lycée, "les classes sont surchargées, il manque des livres, les enseignants sont très souvent absents, on a pas de laboratoire de physique".
Le pays en difficulté
Lundi 8 avril, réagissant aux premieres manifestations, le Premier ministre du Gabon, Julien Nkogue Bekale, a défendu cette nouvelle mesure, invoquant notamment les difficultés économiques rencontrées par le pays depuis la chute des prix du pétrole en 2014.
"L'État et le gouvernement ne ménageront aucun effort pour attribuer les bourses à nos étudiants brillants, mais nous n'allons pas encourager la médiocrité", avait-il déclaré.
En 2017, 65 % des admis au premier du tour du baccalauréat étaient âgés de 20 ans ou plus. En général, la scolarité des gabonais commence tard, et les redoublements sont fréquents.
Avec AFP