Le ministre de la Transition écologique François de Rugy a indiqué, jeudi 14 mars, qu'une deuxième nappe de pollution provoquée par le naufrage du navire italien "Grande America", a été repérée au large des côtes françaises, à 311 km de La Rochelle.
Une deuxième nappe de pollution aux hydrocarbures, provoquée par le naufrage du cargo italien "Grande America" dans le golfe de Gascogne, a été constatée jeudi matin, a déclaré le ministre de la Transition écologique François de Rugy lors d'une conférence de presse à Brest.
"Il y a à ce stade deux nappes, une qui avait été constatée hier soir et une autre qui a été constatée ce matin", a assuré le ministre après un passage au Centre de traitement de crise (CTC) mis en place à la préfecture maritime de l'Atlantique à Brest. "Le risque existe bien sûr que des résidus que nous n'arriverons pas forcément à pomper intégralement arrivent sur les côtes", a-t-il déclaré lors de son point de presse.
"L'une a une longueur de 13 km et une largeur de 7 km, elle présente un aspect assez compact, la seconde est d'une longueur de 9 km et d'une largeur de 7 km, elle a un aspect un peu plus morcelé. Ces deux nappes sont environ distantes d'une vingtaine de kilomètre", a précisé le porte-parole de la préfecture maritime de l'Atlantique Riaz Akhoune.
Les deux nappes dérivent, "plein est", à une vitesse de 35 km par jour, a indiqué pour sa part Stéphane Doll, directeur du Cedre (Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux). Les deux nappes se situent à 311 km de La Rochelle (Charente-Maritime), a précisé la préfecture maritime. Selon le directeur du Cedre, elles ne devraient pas atteindre le littoral "tout de suite".
La France va déployer en mer des "navires dédiés aux opérations de lutte anti-pollution"
Le "Grande America", a sombré mardi 12 mars, à 333 kilomètres à l'ouest de La Rochelle par 4 600 mètres de fond. Le préfet maritime a annoncé lors d'une conférence de presse à Brest que le navire transportait "365 conteneurs, dont 45 répertoriés comme contenant des matières dangereuses et un peu plus de 2 000 véhicules". Il a ajouté que les soutes du navire contenaient quelque 2 200 tonnes de fioul lourd, principale source de préoccupation selon lui, estimant que la façade entre la Charente-Maritime et la Gironde risquait d'être touchée par une pollution "dans plusieurs jours".
Concernant les conteneurs renfermant les matières dangereuses, le vice-amiral d'escadre Jean-Louis Lozier a rapporté avoir reçu de l'armateur "un inventaire complet" de leur contenu, dont une centaine de tonnes d'acide chlorhydrique et quelque 70 tonnes d'acide sulfurique.
L'éventuelle pollution qui pourrait être causée par ces produits "serait très localisée", a estimé le vice-amiral d'escadre. "La dilution dans l'espace océanique n'entraînerait pas de conséquences graves pour l'environnement", a-t-il ajouté, soulignant qu'une grande partie de ces produits avaient vraisemblablement déjà brûlé. La France va notamment déployer en mer quatre "navires dédiés aux opérations de lutte anti-pollution" et prépare un plan de "dépollution sur terre", a indiqué le ministre François de Rugy.
Plaintes déposées en justice
L'association Robin des Bois entend pour sa part porter plainte pour pollution et abandon de déchets auprès du tribunal de grande instance de Brest. "2 000 véhicules, c'est une casse automobile au fond de la mer représentant des centaines de tonnes de matières toxiques dans une zone très riche en poissons, plancton et mammifères marins", s'est insurgé auprès de l'AFP Jacky Bonnemains, porte-parole de l'ONG, disant craindre aussi une éventuelle pollution du littoral.
Le préfet a une nouvelle fois mis en demeure mercredi matin l'armateur, Grimaldi Group, de "mettre fin au danger pour la navigation et l'environnement marin représenté par les conteneurs et autres éléments à la dérive" et de "traiter les éventuelles pollutions maritimes". Le procureur de la République a ouvert une enquête, et l'armateur a été mis en demeure de "prendre toutes les mesures nécessaires pour concourir à la lutte contre les pollutions", précise par ailleurs François de Rugy dans son communiqué.
Dans la nuit de dimanche à lundi, les 27 occupants du navire (26 membres d'équipage et un passager) avaient été secourus par une mer démontée et alors que le bâtiment subissait un violent incendie. Ils sont sains et saufs. Le "Grande America", navire hybride entre un roulier et un porte-conteneurs, d'une longueur de 214 mètres, venait de Hambourg (Allemagne) et devait se rendre à Casablanca au Maroc quand il a été touché par un incendie dimanche soir.
Avec AFP