Alors que les députés iraniens doivent dire mercredi s'ils accordent, ou non, leur confiance au gouvernement proposé par le président Mahmoud Ahmadinejad, d'influents élus conservateurs critiquent les 21 ministres qu'il a retenus.
AFP - D'influents députés conservateurs iraniens ont critiqué dimanche, lors du premier jour de débat au Parlement, le choix des vingt-et-un ministres proposés par le président Mahmoud Ahmadinejad pour son futur gouvernement, laissant augurer de difficultés à venir.
Le vote de confiance doit intervenir mercredi.
La séance a débuté par un discours d'une heure du président dont la réélection le 12 juin avait provoqué des manifestations massives de contestation.
Il a assuré que ce nouveau gouvernement défendrait "la grandeur" de la nation iranienne et saurait "faire face aux pays oppresseurs" demandant aux députés "un vote fort qui transformera en désespoir les espoirs des ennemis".
Le député conservateur Ali Motahari a estimé que le cabinet proposé "est dans l'ensemble faible".
"Le président veut contrôler les ministères sensibles comme ceux des Renseignements, de l'Intérieur, de la Culture, du Pétrole et des Affaires étrangères. Il a choisi pour cela des gens dont la principale caractéristique est d'être soumis et cela n'est pas dans l'intérêt du pays", a-t-il ajouté.
Pour sa part, Ahmad Tavakoli, un autre député conservateur, a critiqué "l'absence d'harmonie dans l'équipe économique" estimant que "cela signifie la poursuite de la relative inefficacité actuelle".
Il a également fait part de son opposition quant au choix du ministre sortant de la Défense, Mohammad Najar, pour le poste du ministère de l'Intérieur.
"Alors que les ennemis et un grand nombre d'opposants, en s'appuyant sur certaines réalités ou sur la base d'illusions, accusent le gouvernement de limiter les libertés, le choix d'un militaire est-il dans notre intérêt?", s'est-il demandé.
"Permet-il d'améliorer l'image du régime dans le monde et de réduire la fracture (créée après la présidentielle contestée) dans la société?", a-t-il poursuivi.
Il a aussi estimé que le choix de Kamran Daneshjoo -actuel vice-ministre de l'Intérieur qui avait été chargé de l'organisation de l'élection présidentielle- pour le ministère des Science, de la recherche et des technologies (en charge des universités), pouvait "potentiellement diviser la société".
Mohammad Reza Bahonnar, un des vice-présidents conservateur du Parlement, a reproché au président de ne pas avoir consulté les députés pour la constitution du gouvernement.
"Très certainement, je ne voterai pas pour un certain nombre de ministres pressentis", a-t-il indiqué.
M. Bahonnar avait joué un rôle clé dans la formation du gouvernement de M. Ahmadinejad en 2005 après sa première élection.
Le choix du président de faire entrer au gouvernement trois femmes a également été critiqué par les conservateurs.
"L'islam respecte la femme. Mais cela ne veut pas dire qu'on doit leur laisser des positions sociales importantes", a ainsi estimé l'ayatollah Ahmad Khatami, un religieux conservateur.
La présence des femmes au sein du gouvernement est une "nécessité", a affirmé le président assurant qu'il était "fier" de ce choix, une première dans l'Histoire de la République islamique.
"Je ne sais pas pourquoi on voudrait garder 50% du potentiel du pays à la cuisine", a renchéri un député conservateur Ghassem Mohammadi.
Parmi les ministères clés, le chef de la diplomatie sortant, Manouchehr Mottaki a été reconduit à son poste. L'ancien ministre du Commerce, Massoud Mir Kazemi, a été proposé au ministère du Pétrole.
Enfin, pour le portefeuille de la Défense, M. Ahmadinejad a proposé le nom d'Ahmad Vahidi, recherché depuis 2007 par Interpol pour son implication présumée dans un attentat antisémite meurtrier en Argentine en 1994.