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En France, des milliers de personnes dans les rues en soutien au mouvement de protestation algérien

Dans plusieurs villes françaises, des milliers de personnes ont de nouveau manifesté dimanche en soutien aux protestations du peuple algérien contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat.

Paris, Marseille, Bordeaux... En France, des milliers de personnes ont de nouveau manifesté, dimanche 10   mars, contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat en Algérie.

En France, des milliers de personnes dans les rues en soutien au mouvement de protestation algérien

Revêtus, pour nombre d'entre eux, de drapeaux algériens, environ 10   000   manifestants réunis place de la République à Paris ont scandé des slogans contre le pouvoir politique en place en Algérie. "Pouvoir assassin", "système dégage"… La manifestation organisée en soutien aux protestations du peuple algérien s'est déroulée dans une ambiance bon enfant, entre youyous des femmes et stands à merguez et brochettes, sans qu'il ne soit pour autant question d'oublier le message principal. "Mettons le FLN au musée", "un seul héros, le peuple", "pour une rupture radicale avec le système", pouvait-on notamment lire sur les banderoles et pancartes, certaines portées sur la statue de la République.

"4   +   1   =   0. Dégage."

"Il faut dégager le système", lance Ahmed Eddaidj, un étudiant de 24   ans qui est en France depuis quatre ans. "J'aimerais bien retourner en Algérie mais il n'y a pas de travail. On cherche une vie meilleure", ajoute le jeune homme, un drapeau algérien noué autour du front.

"La lumière est au bout du tunnel", veut croire Kader, 49   ans. "L'élection ne pourra pas avoir lieu. Un gouvernement provisoire sera mis en place pour organiser un scrutin vraiment démocratique", ajoute-t-il, au cœur de la mobilisation à Marseille, parmi un millier d'autres manifestants.

Exigeant "une Deuxième République pour mettre fin à la royauté du régime algérien en place", ces Algériens ou Français d'origine algérienne résumaient la situation en une équation, griffonnée au feutre sur un bout de carton   : "4   +   1   =   0. Dégage."

Non loin du consulat d’Algérie à Marseille, les manifestants ont été bloqués par les forces de l’ordre, faisant fuser des "Macron complice, la France soutien d'un pouvoir assassin".

"Le cinquième mandat de Bouteflika, c'est juste la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Les gens sont sortis   (dans la rue) à cause d'années de marasme social, d'austérité. Et ils sont en train de briser la peur", résume Abderrahim, manifestant à Bordeaux.

Au moins 200 manifestants rassemblés ici à #Victoire #bordeaux #Algerie pic.twitter.com/3KAAnl4Jgt

  Asma Mehnana (@AsmaMehnana) 10 mars 2019

Pour Abderazak, 67   ans, c’est évident, "le mouvement   (en Algérie) ne lâchera pas, et n'a pas peur car il donne une leçon de civisme", assure-t-il avant d’expliquer  : "Le pouvoir en Algérie a toujours utilisé un dérapage pour répondre avec du sang. Là, on ne casse pas, on ne prend pas les armes, on distribue des fleurs."

Une semaine auparavant, le dimanche 3   mars, une manifestation avait déjà eu lieu dans les rues de Paris, alors que la journée marquait le dernier délai pour le dépôt des candidatures à la présidentielle. Elle avait déjà réuni pas moins de 6   000   personnes.

Un mouvement de contestation inédit

Mi-février, l’annonce de la candidature du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 20   ans et affaibli par un AVC survenu en 2013, à un cinquième mandat a engendré un mouvement de contestation sans précédent en Algérie. Le 8   mars, pour le troisième vendredi consécutif, des centaines de milliers d'Algériens sont descendus dans les rues des grandes villes.

Protestors scale Place de la République’s Marianne - France’s symbol of liberty - at large anti-Bouteflika rally in Paris #Algeria #Bouteflika pic.twitter.com/oj5zAYEJjq

  Jessica Howard-Johnston (@jessicahojo) 10 mars 2019

"On a eu très, très peur que ça dérape mais le mouvement est incroyablement mature et il déjoue les provocations", s'est félicité Omar Kezouit, militant de l’association "Agir pour le changement et la démocratie en Algérie" et coordonnateur de la manifestation à Paris. "Le régime n'est pas prêt à lâcher le pouvoir mais il n'est pas prêt non plus à retourner au bain de sang."

760   000   immigrés algériens vivent en France, selon l'Institut national français de la statistique   (Insee). Ils sont 1,7   million si on y ajoute leurs enfants nés en France.

Avec AFP