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Le plus jeune pays d'Asie fête les dix ans de son indépendance

Le 30 août 1999, le Timor oriental choisissait l'indépendance lors d'un référendum organisé par l'ONU et se libérait ainsi de l'occupation indonésienne. Pour célébrer ce jour historique, de nombreuses festivités sont organisées.

AFP - Le Timor oriental célèbre dimanche, avec fierté et un optimisme mesuré, le dixième anniversaire du référendum l'ayant conduit à l'indépendance, après un quart de siècle de résistance à l'occupation indonésienne.

Des festivités officielles, culturelles et sportives ont débuté cette semaine pour marquer l'acte fondateur de la naissance de ce petit pays de l'extrême sud de l'Asie, situé à environ 600 km des côtes australiennes.

Ces célébrations se tiennent dans un contexte de calme fragile et d'espoirs prudents pour la plus jeune nation asiatique, encore incapable d'assurer seule sa sécurité et de gérer ses riches ressources pétrolières et gazières.

Mais, insistent régulièrement ses dirigeants, le Timor oriental est quasiment parti de zéro, après avoir acquis son indépendance dans la douleur.

Il y a dix ans, en effet, c'est dans un climat de violences que l'ONU supervise le référendum d'autodétermination. Cette consultation est rendue possible par l'avènement, un an plus tôt, de la démocratie en Indonésie, qui occupe alors le Timor oriental depuis 1975 et la fin de la colonisation portugaise.

Le 30 août 1999, 78% des électeurs timorais se prononcent en faveur de l'indépendance, en dépit de la campagne d'intimidation menée par les milices pro-indonésiennes.

Au cours des semaines suivantes, ces groupes armés, soutenus par l'armée de Jakarta, font régner la terreur : près de 1.400 personnes sont tuées, des centaines de milliers d'autres fuient vers les montagnes et 80% des infrastructures du pays sont rasées.

Fin septembre 1999, la communauté internationale se décide à intervenir en dépêchant une force d'interposition, sous commandement australien. L'ONU va administrer provisoirement le pays jusqu'à son indépendance, en 2002. Aujourd'hui encore, elle reste très présente.

En 2008, l'Indonésie a officiellement exprimé ses "regrets", sans formellement s'excuser, sur la base d'un rapport mettant en cause "la responsabilité institutionnelle" de Jakarta dans ce déchaînement de violence.

Dix ans après les faits, "la plupart des personnes soupçonnées de crimes contre l’humanité sont toujours libres de leurs mouvements en Indonésie", regrette Amnesty International dans un rapport publié cette semaine. L'organisation réclame la mise en place, par le Conseil de sécurité de l'ONU, d'"un tribunal pénal international pour juger les crimes commis pendant l'occupation indonésienne, entre 1975 et 1999".

Mais les dirigeants timorais, au premier rang desquels le président José Ramos-Horta, l'un des héros de l'indépendance, jugent qu'il est plus important de parvenir à une normalisation des relations avec l'Indonésie. "Laissons le passé en paix. N'oublions pas les victimes et les héros, mais oublions ceux qui ont fait du mal", a récemment déclaré le Prix Nobel de la Paix 1996 au cours d'un entretien.

Pour lui, la priorité doit être le développement du Timor, où environ 40% des 1,1 million d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Mais cela nécessite d'assurer la stabilité du pays, encore précaire, comme l'ont rappelé en 2006 de violents heurts liés à des tensions ethniques au sein de l'armée.

Au vu du retour au calme constaté ces deux dernières années, l'ONU délègue graduellement au pouvoir timorais la responsabilité du maintien de l'ordre. Ce qui devrait permettre à la force internationale, composée de plus de 1.500 hommes, d'envisager un retrait progressif à partir de 2010, a récemment prévu l'un des chefs de la mission onusienne, Finn Reske-Nielsen.

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