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Venezuela : "La pression ne fait que commencer", jure Juan Guaido

Juan Guaido, "président par intérim" du Venezuela, rentré la veille au pays, s'est dit mardi prêt à soutenir un éventuel appel syndical à la grève. Nicolas Maduro a répliqué en convoquant une manifestation le même jour que l'opposition, le 9 mars.

Au Venezuela, Juan Guaido, "président par intérim" de 35 ans reconnu par une cinquantaine de pays, a entamé, mardi 5 mars au lendemain de son retour triomphal à Caracas, des consultations avec les syndicats de fonctionnaires. L’opposant au président Nicolas Maduro se place ainsi dans la perspective d'un gouvernement de transition.

"Ils pensaient que la pression avait atteint son maximum, mais elle ne fait que commencer", a assuré Juan Guaido à propos du gouvernement, précisant à l'issue de la réunion qu'il "appuierait" les arrêts de travail auxquels appelleraient éventuellement les syndicats du pétrole, de l'éducation, des municipalités et des gouvernorats, de la santé, des médias publics et des services de base. Sans appeler lui-même à la grève.

Dans le cadre des pressions qu'il entend exercer sur le pouvoir en place, Juan Guaido cherche à assurer son contrôle sur l'administration d'État, qu'il considère "victime du chantage et des persécutions" du régime.

Sous Hugo Chavez, le Venezuela comptait près de 4,5 millions de fonctionnaires mais ce nombre a dû être réduit en raison de la grave crise économique qui frappe le pays, avec une contraction du PIB de 50 % depuis 2014 et une inflation à huit chiffres. Désormais, le salaire minimum mensuel, 18 000 bolivars, permet à peine d'acheter deux poulets.

"Les employés du secteur public ont pratiquement perdu tous leurs droits, nous n'avons d'autre choix que d'appeler à une grève civique", a remarqué la présidente du syndicat Unete, Ana Yanez.

Nicolas Maduro appelle à manifester le 9 mars

De son côté, Nicolas Maduro, qui était resté silencieux depuis le retour de son rival, est apparu en fin d'après-midi pour présider une cérémonie militaire en hommage à Hugo Chavez, décédé il y a six ans – le 5 mars 2013. Devant le mausolée de l'ancien président socialiste, dans une caserne de Caracas, Nicolas Maduro a appelé à manifester le 9 mars, "quatre ans après" l'annonce de premières sanctions par le président américain Barack Obama. La date choisie par le gouvernement coïncide opportunément avec celle choisi par Juan Guaido pour un rassemblement.

Des milliers de personnes ont attendu Juan Guaido lundi à Caracas et l'ont également fêté dans les principales villes du pays, alors que le chef de file de l'opposition regagnait son pays "malgré les menaces", dont celle d'une possible arrestation.

Nicolas Maduro avait prévenu la semaine dernière que Juan Guaido aurait à s'expliquer devant la justice pour avoir bravé une interdiction de sortie du territoire en se rendant en Colombie. Mais l'opposant a pu tenir sans incident sa réunion au siège du Collège des ingénieurs vénézuéliens.

Le pouvoir est “empêtré dans ses contradictions”

"Ils sont empêtrés dans leurs contradictions. Ils ne savent pas comment répondre au peuple du Venezuela", a estimé mardi Juan Guaido, interrogé par la presse sur l'absence de réaction du pouvoir lors de son retour.

Juan Guaido s'était rendu en Colombie pour tenter d'ouvrir le passage de l'aide humanitaire massée aux frontières, finalement restée bloquée par l'intervention des forces armées le 23 février. Puis il a effectué une tournée dans quatre pays du continent, où il a été partout reçu en chef d'État.

Invoquant la Constitution, il s'est proclamé "président par intérim" le 23 janvier en tant que président de l'Assemblée nationale, considérant Nicolas Maduro comme un "usurpateur" en raison des soupçons de fraude qui pèsent sur sa réélection. Son retour lance un défi au président vénézuélien, que les États-Unis, notamment, ont mis en garde à plusieurs reprises contre toute tentative de s'en prendre à sa personne.

Avec AFP