![Bernie Sanders, entre confidences et constance pour un premier meeting de campagne aux États-Unis Bernie Sanders, entre confidences et constance pour un premier meeting de campagne aux États-Unis](/data/posts/2022/07/24/1658645216_Bernie-Sanders-entre-confidences-et-constance-pour-un-premier-meeting-de-campagne-aux-Etats-Unis.jpg)
correspondante à New York – Bernie Sanders a tenu, samedi à New York, son premier meeting politique pour l’investiture démocrate à la présidentielle américaine de 2020. L’occasion pour le sénateur du Vermont de se livrer sur sa vie et son parcours.
Lors du premier meeting de sa campagne pour la présidentielle de 2020, Bernie Sanders a opté pour un retour aux sources. L’imposant bâtiment de briques devant lequel le sénateur indépendant du Vermont a pris la parole, samedi 2 mars, n’est autre que son ancienne université, le Brooklyn College de New-York. À quelques rues de là, se trouve aussi l’appartement, à loyer contrôlé, dans lequel il a grandi avec ses parents et son frère. "Je sais d’où je viens", a lancé "Bernie" face à près de 3 000 personnes, debout pieds dans la neige et brandissant des pancartes à son nom.
Bernie Sanders, qui a annoncé le 19 février sa candidature à l'investiture démocrate en vue de l'élection présidentielle de 2020 aux États-Unis, a ainsi donné le coup d’envoi de sa campagne. L'occasion pour lui de se dépeindre à nouveau comme l’antithèse de Donald Trump, en montrant à quel point son parcours diffère de celui du président américain. "Je sais ce que c’est de grandir dans une famille en craignant de ne pas avoir assez d’argent à la fin du mois. Donald Trump recevait 200 000 dollars par an dès ses 3 ans. Moi, c’était 25 cents par semaine."
En mettant sa famille en avant et en partageant des souvenirs d'une façon très personnelle lors de ce discours, Bernie Sanders a adopté un ton de confidence qu’il n’affectionne pas d’habitude.
"Bernie n’a jamais voulu mettre en avant ses propres actions à des fins politiques. Il ne les évoque d’habitude pas en public", a commenté à la tribune, Shaun King, journaliste et activiste anti-racisme. "Et c’est pour ça qu’on l’aime, Bernie. Il est un militant qui fait semblant d’être un homme politique."
Bernie Sanders raconte sa marche aux côtés de Martin Luther King
"Mon père est venu de Pologne aux États-Unis quand il avait 17 ans, sans un sou, pour fuir l’écrasante pauvreté et l’antisémitisme rampant. Et il a bien fait car toute sa famille restée dans le pays a été décimée par Hitler et les nazis", a raconté le sénateur, expliquant son rapport intime à l’immigration, thème sur lequel il s’est dit opposé aux déportations d'immigrés illégaux et favorable à un accès facilité à la nationalité américaine.
Il a par ailleurs évoqué ses années de militantisme durant le mouvement des droits civiques aux États-Unis. "Dans les années 1960, j’ai été arrêté par la police pour avoir protesté contre la ségrégation dans les écoles à Chicago", a raconté celui qui a peiné à mobiliser l’électorat noir en 2016. "J’ai marché aux côtés de Martin Luther King à Washington en 1963. C’est l’un des moments dont je suis le plus fier."
En se prêtant à l’exercice du déballage d’anecdotes, "the Bern" a choisi de miser sur son expérience et de rappeler la constance de son combat politique, à l’heure où certains le jugent trop vieux pour prétendre aux fonctions présidentielles (il aura 79 ans lors de l'inauguration s’il était élu). Une manière de se démarquer des autres candidats, dont il est le doyen.
Parmi les 13 candidats démocrates déjà lancés dans une course à la présidence qui promet d’être longue - le scrutin présidentiel n’aura lieu qu’en novembre 2020 -, on compte notamment Elizabeth Warren, 69 ans, Kamala Harris, 54 ans, Cory Booker, 49 ans, et Kirsten Gillibrand, 52 ans.
"Grâce à Bernie, les idées progressistes gagnent du terrain"
"Pour moi, c’est le candidat le plus cohérent", estime Will, 21 ans, présent lors du meeting de Brooklyn. "Dans les années 1980, il parlait déjà des questions de genre, d’égalité raciale et sexuelle. Ce sont des thèmes largement abordés maintenant mais dont on parlait peu à l’époque."
Parmi les autres sujets chers à Bernie Sanders, figurent la couverture santé pour tous, le salaire minimum à 15 dollars de l'heure, la lutte contre le réchauffement climatique, la garantie de l’emploi, la fin des crédits d’impôts pour les grandes entreprises, la lutte contre la violence des armes à feu et la gratuité des universités publiques.
Pour Will Seaton, un pasteur de 62 ans, Bernie Sanders a ouvert des portes. "Une révolution socialiste est en marche et c’est grâce à lui que les idées progressistes gagnent du terrain dans ce pays", exulte-t-il. "Sans sa campagne de 2016, je ne pense pas que la couverture santé pour tous serait aujourd’hui parmi les idées prônées par la candidate Kamala Harris ou la membre du Congrès Alexandria Ocasio-Cortez." À ses côtés, Karen, 61 ans, se joint à la conversation : "Ces femmes ne seraient même pas là où elles sont sans Bernie !"
La couverture santé universelle parle aussi à Liliana Berrocal, une nounou de 28 ans venue du New Jersey pour assister au meeting de Brooklyn. "J’ai dû me faire opérer de la hanche pour un problème congénital. Je n’ai pas 30 ans et j’ai déjà une dette de plus de 100 000 dollars sur les épaules en lien avec cette opération ! Avec Bernie, les choses seraient totalement différentes."
Malgré son âge, force est de constater que le sénateur n'a pas perdu sa détermination. "Nous allons enfin mettre sur pied une économie et un gouvernement qui fonctionnent pour tous et pas seulement pour 1 % de la population", a-t-il lancé en haranguant la foule. "Cette campagne va être la campagne de terrain la plus féroce jamais menée dans l’histoire de la politique américaine."