Donald Trump et Kim Jong-un se sont séparés, jeudi, sur un échec à Hanoï après un sommet consacré à l'épineux dossier de la dénucléarisation du pays reclus.
Au milieu de la nuit de ce 28 février, à Hanoï, au Vietnam, où Donald Trump et Kim Jong-un se sont entretenus au cours d'un sommet consacré à la dénucléarisation de la Corée du Nord, les deux dirigeants se moquèrent du Monde, au sens le plus littéral de l’expression.
Le président des États-Unis jurait qu’il ne fallait rien hâter dans cette épineuse affaire ; lui qui, huit mois auparavant à Singapour, avait campé le seul rôle à sa mesure, celui du chevalier d’industrie, prétendant emporter à la hussarde et à l’esbroufe une victoire définitive sur le leader nord-coréen, semblait à présent s’abaisser à flatter outrageusement et servilement son adversaire absous de tous ses crimes et devenu partenaire de cœur. Tout, dans un dernier coup de rein implorant, pour mettre dans son escarcelle le moindre semblant de succès : cela valait bien une messe ridicule, même à Hanoï qui, pourtant, en a vu se "coucher" des Américains…
Kim Jong-un n’en demandait pas tant, et pouvait alors abandonner son éternel sourire de personnage de bande dessinée et feindre la raison qui ne l’a jamais habité. La farce battait son plein.
À cet instant, Donald Trump n’a plus en tête l’utilité – supposée ou réelle – des sanctions qui frappent la République populaire démocratique de Corée. Pas plus que la crainte de ses alliés japonais et sud-coréen de le voir brader des décennies de fermeté américaine, voire accepter une Corée du Nord dont l’option nucléaire serait tolérée, pour peu qu’elle ne menaçât pas l’Alaska ou la Côte Ouest.
La délégation du département d’État panique. Comment garder une once de cohérence au commandant en chef qui cloue au pilori la théocratie iranienne et le même reconnaissant à l’Ubu du "Matin calme" d’incomparables vertus humaines ? Si le concept d’"axe du Mal" renferme une quelconque pertinence, c’est le moment de le prouver !
Donald Trump redoute, tel un enfant, le ridicule. Les rires bon enfant des diplomates allemands lors de son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU lui sont restés en travers de la gorge. Les collaborateurs du secrétaire d’État Mike Pompeo vont alors s’employer à rattraper Trump par les bretelles, avant qu’il ne signe les termes d’un succédané d’accord, aventureux et intenable.
On rirait des deux protagonistes-garnements du sommet de Hanoï s’ils ne détenaient le feu nucléaire, les actes et paroles de l’Américain étant par ailleurs supposés porter au moins une part de la raison universelle …
Kim Jong-un en sera quitte pour soixante-cinq heures de train retour jusqu’au mouroir dans lequel il enferme ses concitoyens – si les missiles Taepodong-2 peuvent atteindre sans encombre Anchorage, en Alaska, aucun avion nord-coréen n’a suffisamment d’autonomie en carburant pour rallier Hanoï (!) – et pourra savourer l’ascendant qu’il a si facilement pris sur Donald Trump. Celui-ci est en train d’apprendre de ses spin doctors, en guise de lot de consolation, que l’échec peut avoir du panache. Le voilà rasséréné.
Le pire est qu’aux quatre coins de la planète, beaucoup voudront y voir, contre toute évidence, la marque d’un grand homme.