logo

Depuis la Colombie, Juan Guaido défie Nicolas Maduro

Juan Guaido a bravé l'interdiction de sortie du territoire pour assister à un concert anti-Maduro, organisé, vendredi, en Colombie. L'objectif de l'opposant vénézuélien est de faire entrer l'aide humanitaire contre l'avis du gouvernement.

Alors que bras de fer se tend entre le président vénézuélien, Nicolas Maduro, et son opposant, Juan Guaido, autour de l'aide humanitaire, l'affrontement a pris vendredi 22 février la forme inattendue d'un duel musical par concerts interposés. Et ce, à la veille du jour J fixé par le jeune chef du Parlement pour faire entrer l'aide envoyée des États-Unis, stockée à la frontière colombienne.

Plus de 300 000 personnes, selon les organisateurs, étaient rassemblées à Cucuta, du côté colombien de la frontière avec le Venezuela, pour assister à un concert géant, organisé par le milliardaire britannique Richard Branson, en faveur de l'entrée dans le pays de l'aide humanitaire. Un autre concert, "Hands off Venezuela" (pas touche au Venezuela), prévu sur trois jours, était organisé par le régime chaviste, de l'autre côté du pont international de Tienditas, qui relie Cucuta à Ureña . D'importantes forces de sécurité surveillaient ce site que l'armée bloque depuis deux semaines avec des conteneurs.

Poing levé et chemise blanche, Juan Guaido, reconnu comme président intérimaire par une cinquantaine de pays, a défié le pouvoir, en apparaissant au "Venezuela Aid Live", peu avant la fin de ce concert de plus de sept heures, malgré un ordre judiciaire lui interdisant de quitter le territoire. Dans la soirée, Caracas a décrété la fermeture de la frontière dans l'État de Tachira (ouest), voisin de la ville colombienne de Cucuta d'où le jeune opposant de 35   ans entend diriger les livraisons d'aide.

Guaido décrète "l'ouverture de toutes les frontières"

"La question est comment nous sommes arrivés ici alors qu'ils ont interdit l'espace aérien, tout type de traversée maritime, barré les routes (...) Nous sommes là précisément parce que les forces armées ont aussi participé à ce processus", a-t-il affirmé, au côté des présidents de Colombie, du Chili, du Paraguay et du secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA).

L'opposant a ajouté que la Garde nationale bolivarienne du régime chaviste avait joué un rôle décisif. Il n'a pas précisé quand, ni comment il comptait regagner le Venezuela, où il risque d'être arrêté pour avoir violé l'interdiction de sortie décrétée par la justice fidèle au régime.

Le rôle que choisiront de jouer les militaires, samedi, devrait être déterminant. Nicolas Maduro leur a ordonné de ne pas laisser entrer l'aide américaine. La Maison Blanche a condamné "énergiquement l'usage de la force" par l'armée vénézuélienne contre des civils, en réagissant à la mort de deux personnes qui tentaient de garder la frontière ouverte au passage d'une autre partie de l'aide stockée au Brésil.

"Nous décrétons l'ouverture de toutes les frontières demain", a lancé Juan Guaido, qui a invité les Vénézuéliens à se mobiliser, samedi, pour réclamer l'aide visant à pallier les pénuries dans leur pays miné par l'hyperinflation. "Demain 23 février, un mois après avoir assumé la charge de président par intérim, tout le peuple du Venezuela sera dans la rue pour exiger l'entrée de l'aide humanitaire", a-t-il assuré.

De son côté, Nicolas Maduro, qui estime que l'envoi de l'aide précède une intervention armée de Washington pour l'évincer du pouvoir, a aussi appelé les Vénézuéliens à manifester samedi. Il avait déjà ordonné la fermeture de la frontière terrestre avec le Brésil et menacé de fermer celle avec la Colombie, face aux "provocations" et "agressions" de Bogota et de Washington.

Avec AFP