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Procès El Chapo : le narcotrafiquant mexicain jugé coupable par la justice américaine

Le baron mexicain de la drogue, Joaquin "El Chapo" Guzman, a été déclaré coupable mardi de tous les chefs d'accusation après trois mois de procès dans le tribunal fédéral de Brooklyn. Il risque la perpétuité selon la loi américaine.

Le célèbre narcotrafiquant mexicain Joaquin Guzman, alias "El Chapo", a été déclaré coupable par un jury américain, mardi 12 février, des dix chefs d’accusation retenus contre lui, après trois mois de procès à New York.

Ce verdict, prononcé après six jours de délibérations par les 12 jurés du tribunal fédéral de Brooklyn, pourrait valoir la perpétuité à El Chapo, 61 ans, figure des cartels mexicains, extradé aux États-Unis en janvier 2017 après deux évasions spectaculaires au Mexique. Il n'a pas témoigné lors de son procès.

À l'annonce du verdict, El Chapo, en costume gris et chemise beige, a regardé sa jeune épouse, Emma Coronel, qui a assisté à la quasi-totalité du procès, et mis la main sur le cœur. Cette ex-reine de beauté américano-mexicaine de 29 ans, avec qui il a eu deux jumelles, lui a soufflé un baiser.

El Chapo fera appel

Les avocats d'El Chapo ont immédiatement annoncé leur intention de faire appel. "Pour le meilleur ou pour le pire, (El Chapo) est quelqu'un qui ne renonce jamais", a déclaré un des avocats, Bill Purpura.

L'affaire a montré "le rayonnement extraordinaire du gouvernement américain, notre ténacité et détermination à poursuivre des chefs de cartels", a affirmé le ministre de la Justice par intérim, Matthew Whitaker.

La justice américaine accuse El Chapo d'avoir co-dirigé pendant 25 ans le puissant et ultra-violent cartel de Sinaloa, basé dans le nord-ouest du Mexique, responsable d'avoir exporté plus de 155 tonnes de cocaïne aux États-Unis de 1989 à 2014, pour une valeur estimée à 14 milliards de dollars. Parmi les chefs d’accusation figurent notamment ceux de participation à une organisation criminelle, conspiration pour importer et exporter de la drogue, utilisation d'armes à feu et blanchiment d'argent.

Cinquante-six témoins appelés à la barre

Depuis novembre, les enquêteurs américains ont fait défiler à la barre quelque 56   témoins, dont de nombreux ex-associés ou employés d'El Chapo. Plusieurs des témoins, désormais emprisonnés aux États-Unis ou sous la protection du gouvernement américain, ont décrit avec force détails l'organisation du cartel.

Les témoins ont aussi parlé du rôle central joué par El Chapo, tant pour organiser l'exportation de plus de 155   tonnes de cocaïne venue de Colombie vers les États-Unis que les violences commises pour neutraliser les cartels rivaux, ou encore la corruption systématique de la police, des militaires et de représentants du gouvernement mexicain pour qu'ils ferment les yeux.

Les avocats de la défense ont dénoncé devant les jurés un procès "farce", assurant qu'El Chapo n'était qu'un bouc-émissaire d'un gouvernement mexicain corrompu. Et que les ex-narcotrafiquants ayant témoigné contre lui n'étaient que des "ordures" prêtes à tous les mensonges pour réduire leur peine.

La défense, qui n'a cité brièvement qu'un seul témoin, assure qu'Ismael "El Mayo" Zambada, co-dirigeant du cartel toujours en fuite, est le vrai patron du cartel et "la pièce manquante du procès".

Avec AFP